Après le coup d’État, un scrutin à couteaux tirés

 | Par Autres Brésils

(15 mars 2018 - session solennelle pour Marielle Franco, Congrès Nation. Photo de Marcelo Camargo/Agência Brasil)

Dimanche 9 septembre, Renato Almeida Freitas Jr, Noir issu des mouvements sociaux de banlieue, candidat à la chambre des députés de l’État du Paraná pour le Parti des Travailleurs (PT), a été victime de la violence de la Garde Municipale de Curitiba. Le candidat avait refusé de quitter le lieu où distribuait des tracts, et reçu deux balles en caoutchouc, tirées à bout-portant.

Aux dernières nouvelles, ses jours ne sont pas en danger. En dépit de ses blessures et de ses droits, les policiers l’ont incarcéré sans avertir son avocat ou son parti politique. Plusieurs cas sont ainsi apparus sur les réseaux sociaux, comme celui de la conseillère municipale de Niteroí, Talíria Petrone, candidate au poste de députée fédérale pour l’État de Rio de Janeiro pour le Parti Socialisme et Liberté (Psol). Talíria, comme Renato, n’en sont pas à leur première agression par les forces de l’ordre depuis le coup d’État en 2016. Le procès contre les agents ayant agressé Renato par le passé venait d’ailleurs de s’ouvrir.

Cette attaque, brutale, se produit dans une séquence ...

Le recalibrage des débats politiques après que, le jeudi 6 septembre, le candidat d’extrême droite ait été la cible d’une grave attaque à l’arme blanche est encore incertain. Héraut de la banalisation de la violence, le candidat hospitalisé est secondé par un militaire à la réserve qui souhaite rétablir un ordre fort.

Les élections 2018 se préparent dans un contexte délétère où les agressions contre les militants et candidats provenant des mouvements sociaux se multiplient. Ce fut le cas lorsque des coups de feu ont été tirés contre la caravane de Lula, par un électorat d’extrême droite et des assauts policiers contre le campement de soutien à Lula, la dernière ce 7 septembre. Et les violences se répandent. Ce 8 septembre, dans le Nord-Est du pays, les assassinats de deux conseillers municipaux : Silvâno Barbosa du parti de centre-droit (MDB) à Maceió dans les État de Alagoas et Adelmo Teobaldo Farias, du parti républicain progressiste (PRP) dans la ville de Camalau État de la Paraíba.

Après les attaques, que ce soit contre des élu.es, des défenseurs des droits humains, de femmes ou de la jeunesse Noire des favelas, suivent généralement les diffamations en ligne, avec leurs accents misogyne et raciste.

... qui nous permet de comprendre la complexité du climat de haine et d’arbitraire régnant au Brésil.

Entre 1998 et 2016, il y a eu en moyenne 16 assassinats pendant les campagnes électorales, la majorité à caractère politique et non élucidée. Lors des élections municipales, en octobre 2016, il y eut au moins 20 assassinats de candidats auxquels il convient d’ajouter les 36 conseillèr.e.s tué.e.s entre 2017 et mars 2018.

En Février 2018, l’occupant de la présidence de la République a mis l’État de Rio de Janeiro sous la tutelle d’une intervention militaire. Marielle Franco, conseillère municipal de Rio de Janeiro, fut nommée rapporteuse d’une commission spéciale de un suivi et executée peu de jours après, le 14 mars : déjà quatre mois sans réponses. Un Observatoire de l’intervention opère et a récemment publié ses premiers résultats : plus de morts et moins de financement pour un travail de renseignement.

Il y aurait donc des leçons à tirer avant que les militaires ne soient déployés pour « maintenir l’ordre » pendant le premier tour du scrutin du 7 octobre 2018.

L’association Autres Brésils se solidarise avec les militant.e.s, défenseur.e.s des droits humains, notamment celles et ceux qui se présentent aux différents scrutins électoraux, et dénonce fermement la violence croissante envers tou.te.s les acteurs et actrices politiques.

Autres Brésils dénonce également les propos du commandant des forces armées brésilienne dans un interview au journal Estadão, associant les “avis” émis par le Comité des droits humains des Nations Unies à une "tentative d’atteinte à la souveraineté nationale".

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