« Amapa : le développement durable en Amazonie brésilienne »

 | Par Pierre W. Johnson

Le festival « Brésil en mouvements » offre depuis 2005 une palette de films documentaires et de débats sur des sujets relatifs à l’actualité brésilienne. Ces sujets sont souvent liés à des problématiques qui dépassent ce grand pays, puisqu’il est sur beaucoup de sujets un « laboratoire » du monde. Cette année le développement durable, les agro-carburants, la place des femmes, les médias et l’esclavage moderne sont au rendez-vous.

Pour vous donnez envie d’aller à ce festival, à l’entrée libre, et pour informer ceux qui ne peuvent pas y assister, voici un compte-rendu des deux premières soirées.

La soirée de lundi était consacrée au développement durable, avec un documentaire sur la politique menée dans l’Amapá, un état amazonien frontalier de la Guyane française, par l’ancien gouverneur Capiberibe (1994-2002) et un portrait de l’écologiste Lutzenberger et de sa communauté écologique à l’autre bout du pays, suivi d’un débat avec des intervenants du « collectif richesse ».

Le documentaire « Amapá », première oeuvre d’un jeune réalisateur, est un portrait vivant d’expériences de « développement durable » en Amazonie, soutenu par des entretiens avec un gouverneur novateur et illustré par trois initiatives intéressantes. Loin des polémiques entourant le terme de « développement durable » lui-même, l’objectif du réalisateur était de démontrer la possibilité d’initiatives réussies visant à réconcilier l’homme et la nature, y compris dans cet état isolé, pauvre et sous tensions sociales. Les difficultés ont en effet été importantes. L’ancien gouverneur « Capi » explique qu’au début de son mandat, les riches ne payaient non seulement pas d’impôts mais même pas leurs facteurs d’eau ou d’électricité, plus tard ils ont fait pression sur l’assemblée locale pour qu’elle le destitue, une procédure illégale invalidée à Brasilia. Les réalisations positives de sa mandature sont racontées de façon vivante :

  • L’école de la forêt (escola bosque), dans une petite ville de cet état, lui-même peu peuplé, où, grâce à des méthodes originales, les enseignants font prendre conscience aux élèves de la liaison profonde existante entre les milieux naturels et la vie en société. Petit à petit ceux-ci apprennent à respecter la nature.
  • La police de la capitale de l’état, Macapa, malgré des méthodes issues de la dictature militaire, a su elle-même prendre un tournant en se rapprochant de la population (on parlerait en France de « police de proximité », là-bas il s’agit de « police interactive »). Ce système a ainsi permis de réduire la délinquance et la criminalité de 400% !
    Cette police a également un « bataillon environnemental » chargée de lutter contre les pollutions quotidiennes.
  • Une coopérative de travailleurs des produits de la forêt (extractivistes"), et notamment de la fameuse « noix du Brésil », qui a su résister à la pression d’administrateurs corrompus, avec il est vrai l’aide de l’état.

For ever Gaïa est un film surprenant, un portrait plein de poésie de Lutzenberger, un pionnier de l’écologie et de la sobriété heureuse. Au sommet d’une carrière dans l’industrie agro-chimique, ce fils d’émigrant allemand au Sud du Brésil prend conscience de l’absurdité d’un mode de développement insoutenable et mortifère. Dès lors il abandonne sa carrière, étudie à nouveau l’écologie, son amour de jeunesse, et monte bientôt un centre agro-écologique dans sa région natale, l’état de Rio Grande do Sul. S’exprimant en allemand, en anglais et en portugais du Brésil, cet humaniste polyglotte délivre ses leçons sur notre mode de vie industrielle, et sa foi en des modes de production et de vie plus sobres. Illustré par des carnets de dessin de son père, ce documentaire bénéficie également de l’attachement de sa famille et de la communauté qu’il a fondé, le « coin Gaia » (rincão Gaia).

Si vous pouvez voir un de ces deux films, et notamment Amapá (qui cherche encore un distributeur) n’hésitez pas !

Je vous raconterai un peu plus tard la soirée d’hier, consacrée à l’industrie du sucre et aux agro-carburants.

Par Pierre W. Johnson - Modes de vie durables et solidaires


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