A qui de droit... Lettre de Nivia do Carmo Raposo, du réseau de mères et de familles de victimes de la violence d’État dans la Baixada Fluminense.

 | Par Nivia do Carmo Raposo

Traduction de Du DUFFLES pour Autres Brésils
Relecture de Philippe ALDON

En octobre 2015, le jeune Rodrigo do Carmo Raposo Tavares a été assassiné par des membres de la milice dans l’État de Rio de Janeiro. Depuis, sa mère Nívia do Carmo Raposo se bat pour la justice et la mémoire. Aujourd’hui, elle est l’une des principales organisatrices du réseau de mères et de familles de victimes de la violence d’État dans la Baixada Fluminense.

Plus de cinq ans après ce crime brutal, Nivia partage avec nous cette lettre pleine d’émotion et de force.

A qui de droit

C’est la nuit... une autre nuit blanche pleine de souvenirs et de sentiments à fleur de peau... Il faut parler !

J’ai tant de choses à raconter que je ne sais même pas par où commencer... Je porte en moi tant de voix, celles de mes ancêtres et de toutes les mères qui, comme moi, se sont retrouvées sans leurs enfants…

Je respire profondément... il faut beaucoup de force pour reprendre les choses à leur début...

Je suis une mère comme tant d’autres, mais je fais partie de celles qui ont perdu leur enfant par la lâcheté de l’État. Je suis celle qui est condamnée dans cette société de castes, qui va de rien à nulle part. Tout ce que j’ai, c’est mon savoir ancestral.

Nous sommes filles de celles qui n’avaient pas l’eau courante, de celles qui cuisinaient au feu de bois, de celles qui travaillaient toute la journée, de celles qui laissaient des messages en grosses lettres collés sur le réfrigérateur.

Je suis la fille d’une guérisseuse, la petite-fille d’une sage-femme. J’ai un prénom et un nom.

A qui de droit

Je souffre sans me taire, je lutte sans me fatiguer, parce que c’est tout ce qui me reste.

A qui de droit

Je ne pense pas que mon fils n’a pas eu de chance, je pense qu’il n’a pas eu de justice et nous sommes toujours connectés.

A qui de droit

Jamais je ne laisserai l’oublier. C’est mon désespoir, à jamais.

A qui de droit

Je suis sûre que je serai le tourment de l’État brésilien qui a toujours refusé de reconnaître mes droits.

A qui de droit

Sachez que je ne suis plus toute seule, nos enfants nous ont été arrachés, mais nous, leurs mères, nous serons toujours ensemble.

A qui de droit

Nous sommes une, nous sommes deux, nous sommes trois, nous sommes des milliers et ensemble nous pourrons combattre les injustices de notre pays.

A qui de droit

Je ne fais pas l’apologie de la punition, mais je crois qu’un jour nous obtiendrons l’abolition de toutes ces violations contre la population pauvre.

A qui de droit

Je ne pleure pas les droits perdus, si ce qui reste est de garder vivant le souvenir et l’identité de ceux qui sont partis.

A qui de droit

Je n’ai pas peur de la mort, car depuis longtemps, je ne sais pas ce qu’est la vie, la chance. Nous sommes de ces êtres humains qui, soumis à des privations extrêmes, écrivent des poèmes, redonnant l’espoir de faire renaître un nouveau Brésil, une nouvelle Nation, une nouvelle société.

A qui de droit
A qui de droit
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