Ce sont sept petites marches de pierre, usées par l’humidité et le temps qui passe. Pour les monter, il faut pousser une porte de prison aux barreaux rouillés à l’entrée d’un immeuble sans âme. Maurice Politi, 72 ans, barbe et cheveux grisonnants, l’a fait des centaines de fois au cours de son existence. Mais jamais sans difficulté. Ni sans un certain effroi. « Ici, c’était la succursale de l’enfer », lâche-t-il.
En ce début d’été austral, il fait sombre à 14 heures et il pleut fort sur le 921 de la rue Tutoia, en plein cœur de Sao Paulo. On ne saurait imaginer atmosphère plus lugubre. Mais les lieux s’y prêtent. Car ce petit bâtiment quelconque de deux étages, que Maurice nous propose de visiter, est de sinistre réputation. De 1969 à 1982, il fut en effet l’un des principaux centres de torture de la dictature brésilienne.
[...]