300 femmes assassinées en six mois à Rio de Janeiro en 2006

 | Par Adital

Le nombre d’agressions qui ne terminent pas par la mort, dîtes lésions corporelles, est aussi très élevé : 24 176 cas ont été enregistrés dans les commissariats de police dans les six premiers mois de l’année 2006.

Ce chiffre peut être bien supérieur si l’on considère qu’une bonne partie des femmes ne dénoncent pas les agressions subites. Dans la majorité des cas, aussi bien de mort que de lésion corporelle, les agresseurs avaient une forme de relation amoureuse avec les victimes, ils étaient leurs maris, compagnons, petits amis, amants ou parents proches, comme le père, l’oncle et le frère.

Ce cadre se retrouve dans d’autres états brésiliens. L’année 2007 commence avec une affaire qui a retenu l’attention de la presse nationale : à São Paulo, un prisonnier bénéficiant de la grâce de Noël, a maintenu son ex-femme en captivité dans sa propre maison plus de 48 heures. La propre fille du couple, âgée de 5 ans, également emprisonnée dans la maison, a réussi à s’enfuir par les sous-sols, après plus de 30 heures de captivité.

A Brasilia, 2 autres prisonniers, bénéficiant également de la grâce de Noël, ont violé 2 femmes adultes et 2 enfants.

Malheureusement, les normes juridiques ne sont pas toujours justes. Beaucoup de ces agresseurs, criminels avoués ou pris en flagrant délit, bénéficient de largesses de la Justice parce que les juges suivent ce qu’ils ou elles considèrent que la loi prescrit. Certains cas sont notoires, comme celui de l’ex-directeur du journal Estado de São Paulo, Pimenta Neves, qui a tué son ex-petite amie, la journaliste Sandra Gomide, en 2000 et qui est toujours en liberté jusqu’aujourd’hui, bien qu’il ait été condamné à 19 ans de prison en 2006.

Durant les 2 derniers mois, 2 autres affaires ont été relatées par les médias pendant des jours. Un vendeur ambulant, maladivement jaloux de sa femme, a pris en otage un autobus avec 55 passagers et a tenu sa femme en joue avec un revolver et l’a rouée de coups durant une journée entière. Le chef de la police militaire a déclaré avoir de la peine pour l’agresseur parce qu’ « il est un pauvre homme rongé par la jalousie ». Mais l’état physique de la victime montrait le contraire. La jeune femme était défigurée, avec des hématomes sur tout le corps, le maxillaire cassé, et a dû être soutenue pour arriver jusqu’à l’ambulance qui l’a conduite à l’hôpital. Quelques semaines plus tard, cet homme a été libéré par la Justice, le temps de la procédure. La juge responsable du dossier a considéré qu’il ne représentait pas un danger pour la victime et a à peine demandé qu’il garde ses distances avec la femme sous peine d’être renvoyé en prison.

Quelques semaines plus tard, un colonel de la Police Militaire a tué sa femme à coups de couteau, il a prétexté qu’elle était « tombée » sur le couteau et a également été libéré par la Justice pour comparaître en liberté. La juge a invoqué que la résolution du crime ne dépend pas de la mise en détention de l’accusé et que le fait qu’il soit dehors ne porterait pas préjudice aux investigations.

Pour l’historienne Lana Lage, de la Commission de Sécurité de la Femme, le fait que ces juges soient des femmes ne leur donne pas un regard féministe pour juger les cas de violence contre les femmes. Lana déclare : « Quand on dit que la violence contre la femme trouve un appui dans une culture brésilienne marquée par le patriarcat, nous ne disons pas que seuls les hommes sont affectés par cette culture. Ces représentations que la société brésilienne a sur les relations de personnes de sexe opposé, représentations calquées sur ce modèle patriarcal, sont communes aux hommes et aux femmes. Si le mouvement féministe et les travaux académiques sur la femme, dans une perspective de genre sexuel, ont cherché à montrer l’origine sociale de beaucoup des différences et des inégalités entre les hommes et les femmes, il n’y aurait pas lieu de dire que seul le fait d’être une femme, au sens anatomique et biologique, donnerait automatiquement une conscience féministe. Une femme aurait automatiquement une conscience critique par rapport à sa condition féminine. Et cette conscience s’acquiert aussi par le champ de la culture. »


Source : Adital - 04/01/2007

Traduction : Mariane Bellanger pour Autres Brésils


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