L’aliéniste

 | Par Machado de Assis

de Joaquim Maria Machado de Assis


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La présentation de l’éditeur

Simon Bacamarte, aliéniste diplômé, s’installe dans une paisible bourgade brésilienne et, au nom de la science, fonde un asile d’aliénés. Il classe d’abord et enferme tous les lunatiques, mais son emprise sur la cité déclenche un mécanisme diabolique qui va atteindre la totalité de la population.

Avec ce savant en délire, Machado s’attaque avec humour aux dogmatismes scientifiques et politiques.


Critique de Passion des livres

Voici enfin la critique de l’Aliéniste, ce grand classique de la littérature brésilienne écrit en 1881. Machado de Assis est le plus grand écrivain brésilien du XIXe siècle et est considéré aujourd’hui comme un classique. L’aliéniste est l’une de ses oeuvres les plus célèbres.

Simon Bacamarte, aliéniste diplômé, s’installe dans une ville paisible et y fonde un asile d’aliénés avec l’assentiment du conseil municipal. Mais les fous sont de plus en plus nombreux et en viennent à constituer quasiment toute la population. L’aliéniste qui considérait que la folie était une île dans l’océan en vient à considérer qu’il s’agit en fait d’un continent. Mais le peuple se révolte et par à l’assaut de « la Bastille de la raison humaine ». Le barbier prend la tête du soulèvement dans un but bien précis : prendre la tête du conseil municipal....

L’aliéniste en vient à considérer que les fous sont en fait les raisonnables et les amoureux du bien car ce sont des exceptions. Puis il doute...la science perd tout à coup ses fondements bien peu solides.

Où est la raison ? Qui est fou ? Le peuple ou le médecin ? Machado de Assis rejoint Nerval, Maupassant et Hoffmann qui, à la même époque, ont écrit sur la folie. Ici, le personnage principal n’est pas le fou mais le médecin. Mais n’est-il pas un savant fou....

Machado de Assis en profite pour faire une satire politique et sociale : des ambitieux soutiennent la révolution du peuple pour satisfaire leur goût du pouvoir, des conseillers font voter une dérogation pour que le personnel politique échappe à l’internement dans l’asile... On interne les gens tolérants, modestes, généreux sous prétexte qu’ils sont des exceptions.

Assis, bien avant Michel Foucault, dénonce « l’enfermement des fous » : sous prétexte d’utilité publique, un homme se transforme en tyran. Mais son vaste dessein pourrait bien se retourner contre lui...

Voici une oeuvre bien originale et caustique, différente de ce que nous connaissons habituellement de la littérature sud-américaine. Cette oeuvre n’est pas sans rappeler le message du Rhinocéros de Ionesco : sous des allures de farce humoristique, Assis dénonce les dogmatismes politiques et scientifiques.


Critique de André Clavel (Lire de juillet 2005)

C’était une sorte de feu follet égaré dans la nuit tropicale, Machado de Assis. A la charnière du romantisme échevelé et de la modernité la plus inventive, ce fils de mulâtres reste le mentor des lettres brésiliennes : un auteur aussi incontournable que les paysages de Rio de Janeiro, ville qui lui servit de berceau, de tombeau et de thébaïde - il n’en sortit jamais, et sa flamboyante magie fut son seul élixir... c’est par le feu qui la consume, par sa brûlure intérieure, que l’écriture de Machado prend ses véritables dimensions : il y distille tous les poisons qui rongeaient son corps d’épileptique et son âme ténébreuse.... cette ironie iconoclaste... constitue la modernité de Machado, dont l’oeuvre est pleine de fous qui disent la vérité, et de sages qui battent la breloque.

Ces paradoxes, l’écrivain les pousse jusqu’à l’absurde dans le délicieux Aliéniste, son roman le plus célèbre - il le publia en 1881. Simon Bacamarte, le héros, est une sorte de docteur Knock brésilien qui fonde dans une bourgade un asile de fous, la Maison verte, où il interne presque toute la population. Mais il finira par douter de ses diagnostics, relâchera les malheureux, et fera enfermer la petite minorité qu’il avait jusque-là épargnée. Pourquoi ? Parce que ladite minorité, faisant figure d’exception, ne peut qu’être anormale...

Cette comédie délirante et bouffonne est aussi une satire féroce du microcosme psychiatrique que Machado connaissait bien. Son aliéniste est-il celui qui soigne la folie, ou qui la fabrique de toutes pièces ?...


Traducteur : Maryvonne Lapouge-Petorelli

Editeur : Métailié


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