Près de 8000 familles menacées d’expulsion imminente à Belo Horizonte

 | Par Collectif Vira Lata

Depuis le 8 août, les milliers familles qui occupent près de 200 hectares de terrain dans la région de l’Isidoro, en périphérie de Belo Horizonte, sont menacées d’expulsion imminente. Selon le collectif d’avocats Magarida Alves, qui se charge de la défense des occupants, il y aurait près de 8000 familles vivant sur le terrain, réparties en trois communautés : Rosa Leão, Esperança et Vitória. 1500 hommes de la Police Militaire ont été mobilisés pour l’occasion. Il pourrait s’agir de la plus grande opération d’expulsion de l’histoire du Minas Gerais, et de l’une des plus grandes de ces dernières années au Brésil.

Crédit photographique : Midia Ninja

Étant à l’origine de la procédure juridique, l’entreprise Granja Werneck, propriétaire d’une partie du terrain, ainsi que la Mairie de Belo Horizonte envisagent d’y réaliser conjointement une opération immobilière représentant un investissement d’environ 1 milliard de Reais.

Dès l’annonce du risque d’expulsion, les familles ont déclaré qu’elles n’avaient aucun autre endroit où aller et qu’elles résisteraient jusqu’au bout. Des barricades ont été montées sur toutes les voies d’accès menant aux terrains À côté des principales entrées, des groupes font le guet en permanence tandis que des hélicoptères de la Police Militaire effectuent des rondes incessantes au dessus des terrains. Un vaste mouvement de solidarité s’est articulé autour des communautés menacées et plusieurs groupes de soutien s’y relaient jour et nuit. Plusieurs personnalités telles que le recteur de l’Université PUC Minas ou encore l’évêque Dom Wilson, de l’archidiocèse de Belo Horizonte, se sont rendus sur place en solidarité aux familles ces derniers jours.

Le dimanche 10 août, en début d’après midi, des affrontements ont eu lieu tandis que la police intervenait pour démonter une barricade installée sur un carrefour près des terrains occupés. Les policiers auraient été la cible de jets de pierre suite à quoi l’un d’eux aurait sorti son arme et tiré quelques coups de feu en l’air avant de la pointer en direction des occupants.

Le mardi suivant, au matin, les hélicoptères de la Police Militaire survolant les terrains ont lâché - depuis les airs – des tracts annonçant l’imminence de l’opération d’expulsion : « L’opération d’expulsion va bientôt avoir lieu. Nous conseillons aux femmes enceintes, personnes âgées et enfant de quitter les lieux dans l’intérêt de leur intégrité physique et psychologique. ». La tension est montée de plusieurs crans dans la journée. En fin d’après midi, un autre hélicoptère qui survolait de très près les terrains a été accueilli par des tirs de feu d’artifices et jets de pétards. Des occupants ont alors mis le feu à quelques barricades en signe de résistance. « S’ils survolent le terrain comme ça, ce n’est seulement pour nous intimider, ils doivent être en train de préparer stratégiquement l’opération d’expulsion » craignait alors l’un d’eux. Le soir même, d’importants effectifs de police ont commencé à encercler le terrain. Tout indiquait que l’opération d’expulsion aurait lieu dans la nuit. Peu avant minuit un juge spécialisé dans le droit des enfants et des mineurs a fait annuler l’opération en raison des nombreux jeunes et très jeunes enfants vivant sur les terrains. Le lendemain, la juge Selma Maria Marques de Souza a rejeté l’annulation, rendant la procédure d’expulsion à nouveau valable.

Les groupes de soutien aux occupants ont récemment lancé un appel international à solidarité, au nom de la défense des droits de l’homme. Ils disent craindre le pire pour les familles vivant sur les terrains, notamment pour les nombreux enfants en bas âges et personnes âgées présentes. Au regard de la violence dont a souvent fait preuve la Police Militaire brésilienne dans ce type d’opération ils redoutent qu’un « nouveau Pinheirinho ait lieu » faisant référence à la violente expulsion, en janvier 2012, d’une communauté comptant près de 1700 familles près de São José dos Campos, dans l’État de São Paulo. La violence commise par la police brésilienne à l’égard des familles, qui aurait eu pour conséquence au moins deux morts et plusieurs dizaines de blessés – dont des enfants, avait alors provoqué une vague d’indignation dans le pays.

Les trois terrains de la région de l’Isidoro avaient été occupé l’année dernière, en pleine effervescence des mouvements sociaux de juin 2013 – époque à laquelle des dizaines d’autres terrains avaient été occupés spontanément dans plusieurs endroits du pays.

Selon une étude réalisée par la Fondation João Pinheiro, l’État du Minas Gerais possèderait le second plus grand déficit en logement du pays. Sa capitale, Belo Horizonte, comptabilise à elle seule un déficit de 150 000 logements (IPEA, 2010) et plus de 15 000 familles y vivent sur des terrains occupés en situation d’illégalité foncière.

Collectif Vira Lata
(Collectif de journalisme indépendant)

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