Un projet de loi qui met fin au « permis de tuer » de la police au Congrès

 | Par Adital

Source : Adital

Traduction pour Autres Brésils : Roger Guilloux (Relecture : Christophe De Jesus)

Une lutte menée de longue date par les mouvements sociaux et tout particulièrement par les mouvements pour l’égalité raciale va pouvoir aboutir cette semaine. Ce qui est attendu, c’est que ce mardi 15 octobre (2013), le projet de loi n° 4471/2012 soit inscrit à l’ordre du jour au Congrès et approuvé, mettant fin à ce ʺpermis de tuerʺ reconnu aux polices pour justifier des assassinats quand elles sont en opération. Ce projet de loi prévoit la fin des soi-disant "procès-verbaux de résistanceʺ et des actes de ʺrésistance suivi de mortʺ. Si elle est approuvée [1], cette nouvelle loi rendra possible la réalisation d’enquêtes ayant trait aux morts et aux lésions corporelles perpétrées par des policiers en opération. Ce qui est fondamental, dans le sens où cela pourra, au minimum, déclencher une enquête impartiale de ces cas alors qu’actuellement c’est la propre police qui mène ces enquêtes. Ces mouvements estiment également que c’est un moyen d’exercer une pression sur la police et ainsi restreindre les actions violentes et les conduites pouvant provoquer la mort.

Crédit photo : CombateRacismoAmbiental

Selon les informations du blog Negro Belchior [2] et de l’UNEAfro – Brésil [3], le registre des ʺProcès-verbaux de Résistanceʺ (suivi de mort dans une confrontation avec la police) visant à maquiller les homicides commis par les policiers civils et militaires, est une pratique courante, connue et largement utilisée par les services de sécurité publique dans tout le Brésil. A titre d’exemple, le cas récent de la disparition de l’aide-maçon Amarildo, dans le contexte des grandes manifestations qui se sont produites au Brésil en juin et juillet de cette année. Après plusieurs mois sans explications et en raison de la forte pression exercée par l’opinion publique et les médias, on est arrivé à la conclusion qu’ Amarildo serait mort de ne pas avoir supporté la torture à laquelle il a été soumis par les policiers.

Mouvements, artistes et leaders politiques se sont mobilisés pour que le Projet de Loi soit effectivement voté et approuvé à Brasilia. Ce mardi 15 encore, aura lieu à Brasilia, à partir de 16 heures, une ʺtwitationʺ sur #fimdosautosderesistencia. L’objectif est de faire davantage pression sur l’opinion publique et sur les parlementaires.

Le blog Negro Belchior présente des statistiques qui renforcent la préoccupation au sujet de ce qui est appelé ʺle permis de tuerʺ dont bénéficie la police dans le pays. Le nombre d’homicides est passé de 13.900 en 1980 à 49 000 en 2010, soit une augmentation de 259%. Au cours de cette période, le taux d’homicides est passé de 11,7 à 26,2 pour 100 000 habitants. Par ailleurs, on estime que 32 000 adolescents succomberont de mort violente entre 2007 et 2013. La possibilité de mort violente d’un adolescent noir est 3,7 fois supérieure à celle d’un adolescent blanc.

En 2011, le nombre de morts entrant dans le cadre d’un procès-verbal indiquant un acte de résistance - à Rio et São Paulo seulement - fut 42,16% supérieur à toutes les exécutions réalisées dans 20 pays où existe la peine de mort. Rien qu’ en 2012, à São Paulo, 546 personnes sont mortes lors de confrontations avec la police militaire. A titre de comparaison, le nombre reconnu de personnes assassinées durant les 21 années de la dictature militaire qui a débuté en 1964, s’élève à 426.

Lien vers une vidéo diffusée par le journal Extra de Rio de Janeiro, dans lequel la police façonne des actes de résistance.

Notes du traducteur :
[1] A l’heure d’aujourd’hui, le projet de loi n’a toujours pas été voté.
[2] Negro Belchior : blog tenu par Douglas Belchior, professeur d’histoire et militant de la cause afro-brésilienne.
[3] UNEAfro-Brasil : union des groupes d’éducation populaire exerçant leur activité auprès des noirs et des classes les plus défavorisées.

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