Transcription de l’intervention de Lucia Marina Dos Santos lors de « Brésil en Mouvements »

 | Par Lucia Marina Dos Santos

Transcription de l’intervention de Lucia Marina Dos Santos - Coordinatrice MST - lors de « Brésil en Mouvements » - 10 juillet 2005 - Paris. « Nous pensons que Lula a encore une forte popularité et qu’il devrait en profiter pour réaliser une large discussion avec la société sur un modèle alternatif de développement et appeler les gens à descendre dans la rue pour garantir l’implantation de ce nouveau modèle. »

LA PRODUCTION D’ALIMENTS POUR SATISFAIRE LA FAIM DU PEUPLE BRESILIEN RESTE AU SECOND PLAN

<img1277|left> Je vais commencer par parler des problèmes agraires que nous avons aujourd’hui au Brésil. Il y a un nouveau modèle en cours, l’agrobusiness, en dispute avec l’agriculture familiale. Son origine est basée sur le fait que de grandes propriétés produisent pour l’exportation. Ce modèle contribue à la concentration de la terre au Brésil.

Aujourd’hui 1% des propriétaires détiennent 46% des terres productives. Nous avons 400 millions d’hectares disponibles pour la production. De ces 400 millions, seulement 90 millions sont utilisés pour la production. Et de ceux là, la majorité est utilisée pour l’exportation. On y produit du soja, des oranges, du coton et de la canne à sucre.

La production d’aliments pour satisfaire la faim du peuple brésilien reste au
second plan. Aujourd’hui ce sont 50 millions de Brésiliens qui n’ont pas les protéines suffisantes pour survivre, 20 millions de pauvres qui n’ont pas un repas par jour et 4.8 millions de familles sans terre. L’impunité dans les campagnes continue, les grands propriétaires de terres, d’usines, de bois, ont toujours commis des crimes contre les travailleurs ruraux et continuent dans l’impunité.

Récemment nous avons eu un massacre à Felizburgo, dans le Minas Gerais et cette année l’assassinat de Sœur Dorothy dans le Para. Ce modèle capitaliste se réalise à partir de l’exploitation du travail salarié et du contrôle politique des marchés, cela a de sérieuses conséquences pour le pays. Cela ne crée que du chômage dans les campagnes, l’exode rural a recommencé dans les petites et moyennes villes de l’intérieur du pays, le retour du travail esclave. Il y aurait selon certaines données 13.000 propriétés utilisant le travail esclave et plus de 25.000 travailleurs dans ces conditions. Ceux qui ont le plus souffert dans les campagnes du fait de ce manque d’infrastructures d’éducation et de santé, sont les jeunes et les femmes.

L’agrobusiness a reçu 30 milliards de R$ de subventions du gouvernement fédéral cette année alors que l’agriculture familiale en recevait 8 milliards.

IL EST POSSIBLE DE CHANGER LA REALITE ECONOMIQUE EN DONNANT LA PRIORITE AUX BESOINS DU PEUPLE

Pour toutes ces raisons, le MST et Via Campesina proposent la réalisation de la réforme agraire pour redistribuer les richesses, créer des emplois et garantir la souveraineté alimentaire du pays. Nous voudrions que le gouvernement applique le Plan National de Réforme Agraire élaboré au début de son mandat, où il est dit que 430 000 familles doivent être installées, les indices de productivité utilisés depuis 1970 doivent être révisés, l’INCRA (Institut National de colonisation pour la réforme agraire) doit être restructuré et recevoir des fonds. La qualité de vie des assentamentos et des producteurs doit être garantie grâce à la libération de crédits et d’assistance technique, les ressources pour l’éducation en milieu rural doivent également être favorisées.

Nous croyons que le peuple a voté Lula dans l’espoir de changements et qu’il y a une continuité du modèle économique néolibéral. Pour nous l’Etat brésilien est de nature bourgeoise et ceci retarde le processus d’avancée de réforme agraire dans le pays. L’agrobusiness est une offensive idéologique et il avance à l’intérieur même du gouvernement et chez les intellectuels brésiliens en s’articulant avec le pouvoir judiciaire et les médias pour empêcher la réforme agraire et criminaliser les mouvements sociaux.

Nous pensons qu’il est possible de changer la réalité économique en donnant la priorité aux besoins du peuple et en construisant un nouveau modèle de développement, en baissant les taux d’intérêt et en utilisant les ressources de l’excédant fiscal primaire pour des investissements dans la garantie des droits constitutionnels comme un salaire minimum digne, la santé, l’éducation, le logement et la réforme agraire, tout en respectant l’environnement et en réalisant la démarcation des terres indigènes et quilombolas.

Nous pensons que Lula a encore une forte popularité et qu’il devrait en profiter pour réaliser une large discussion avec la société sur un modèle alternatif de développement et appeler les gens à descendre dans la rue pour garantir l’implantation de ce nouveau modèle.


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