Rio de Janeiro, vue du ciel

 | Par Aude Torchy

Aude est partie au Brésil pour un an dans le cadre d’un Programme de volontariat de solidarité internationale, programme porté par l’association Echanges et partenariats. Elle va faire le lien entre l’association Solidariedade França Brasil (SFB) qui actue dans la banlieue nord de Rio et Autres Brésils. Régulièrement, elle va nous écrire pour nous faire part de ses impressions et réflexions. Pour lui écrire : Aude.


Il y a maintenant une semaine que je suis arrivée à Rio, une semaine avec cette image dans la tête : celle de Rio vue du ciel. Derrière le hublot, on comprend déjà pas mal de choses. C’est incroyable ce qu’on peut voir d’en haut. On y voit cette urbanisation si caractéristique du Brésil, cette cohabitation entre un monde dit « développé » et les bidonvilles plus connus sous le nom de favelas. Cette image d’en haut est une illustration parfaite des inégalités criantes du Brésil. D’aucuns disent, le pays le plus inégalitaire du monde…

Ah Rio : son carnaval, Copacabana, son pain de Sucre et sa statue du Christ Rédempteur !!!! Le rêve pour beaucoup de touristes … Je les vois dans l’avion avec leurs guides à la main. L’avion descend doucement, le paysage se dessine malgré la luminosité qui baisse en cette fin de journée. La vérité n’est plus très loin. C’est maintenant une évidence. Ce survol partiel de Rio me rappelle étrangement l’arrivée à São Paulo, il y a quatre ans.

Quatre paysages : la mer, la végétation tropicale, la ville moderne et les favelas

Après avoir longé la côte brésilienne sur plusieurs centaines de kilomètres, il n’est pas surprenant de remarquer en premier lieu la mer. Et puis, à Rio, on s’attend tellement à voir de longues étendues de plages que même si on les devine à peine, on les voit déjà. Au fur et à mesure que l’on s’approche, le bleu laisse place au vert. Le climat tropical fait son boulot. Un vert bouteille, une nature luxuriante. C’est la Mata Atlântica (forêt tropicale atlantique) qui autrefois s’étendait sur toute la région côtière autour de Rio de Janeiro.

<doc1056> L’avion descend encore, on frôle la ville. C’est maintenant une évidence. Le blanc contraste avec le rouge oranger des briques. Des barres d’immeubles apparaissent dans un paysage organisé en apparence. Et puis, le relief vallonné de la ville laisse entrevoir une autre forme d’urbanisation. Les favelas sont bien là, sur les collines. Ces maisonnettes faites de briques et autres matériaux de récupération, imbriquées les unes dans les autres. On croirait presque un jeu de lego. L’organisation perd son sens… Tout l’espace est pris. Les places ont l’air chères pour qu’il y ait une telle concentration de constructions. Le survol de Rio souligne une réalité : celle d’un pays où les paradoxes sont multiples. La richesse naturelle côtoie la pauvreté humaine.

Une autre réalité

Rio de Janeiro, « cité merveilleuse » comme on peut le lire dans les guides touristiques regorge de curiosités. Ses plages sont réellement sublimes, le centre historique compte plusieurs églises baroques et d’anciens palais… c’est le centre touristique et culturel du pays ! Mais derrière l’image de carte postale, se cache une réalité plus dure : celle d’une ville inégalitaire. Comme me l’expliquait ma collègue [1], Rio intra-muros compte plus de 700 favelas où vit environ un tiers de la population de la ville. Or, Rio intra-muros, c’est seulement 25 % de la population de l’Etat de Rio et la partie « la plus riche »… Les favelas sont situées sur des terrains occupés illégalement.

<doc1057> La plupart du temps, ce sont des terrains qui n’ont pas été jusqu’ici occupés parce que impropres à la construction. Les marécages sont insalubres, les collines sont propices aux glissements de terrain. Il y a encore deux semaines, un glissement de terrain a emporté une partie d’une favela, faisant bien-entendu des victimes au passage. Mais, « ça arrive » peut-on entendre au détour d’une conversation. La vie des favelas est relayée dans les pages « faits divers » des journaux brésiliens : les catastrophes naturelles ou autres affrontements entre gangs et police. Pourtant, les favelas font partie intégrante de la vie culturelle de Rio et de son rayonnement international. J’en veux pour preuve le Carnaval. Les écoles de samba sont représentées en grande partie par les cariocas [2] des favelas. Si le Brésil sait s’unir pour des évènements festifs, la ségrégation urbanistique est marquée. On se croise peu dans la vie de tous les jours. On m’a même parlé d’un nouveau quartier à Rio, surnommé le « Miami brésilien ». Ce serait un quartier fermé où des cariocas très privilégiés habitent de somptueuses villas avec piscine et peuvent se divertir et consommer exclusivement dans ce quartier s’ils le souhaitent. Une manière de se créer une réalité dorée…

Voici Rio, sa réalité, ses merveilles, ses problèmes sociaux … et ma ville d’adoption pour l’année qui vient !!!

Aude - 17/11/2007


[1Régina Zuim, consultante en santé et éducation, à Solidariedade França Brasil

[2terme utilisé pour désigner les habitants de Rio de Janeiro

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