Raposa/Serra do Sol : les Indiens exigent une homologation immédiate de leur terre (3)

 | Par Marinaldo Justino Trajano

CM - Quelles sont les conséquences de l’ajournement de l’homologation pour les communautés indigènes ?

MT - La déforestation est très rapide dans les surfaces concernées. Les communautés sont menacées en permanence par les grands fermiers. Les fleuves sont pollués. L’usage des agrotoxiques est en augmentation et est responsable de maladies chez les Indiens. Des communautés anciennes ou reconstruites, situées sur les surfaces d’expansion de riz sont littéralement encerclées par les cultivateurs de riz. Hier encore (17 février), je suis passé dans la communauté Jawari, dans le Sud de Raposa Serra do Sol, et j’ai vu les employés des cultivateurs de riz Paulo César Quantieiro, Ivalcir Centenário e Ivo Barelli installer un grillage de fil de fer.

Ils encerclent et disent ensuite que ces terres sont les leurs. Les habitants de la communauté ont peur qu’un beau jour, au retour des champs, ils retrouvent à nouveau leur maison détruite. Ces jours-ci, pendant notre assemblée, le 14, les voitures passaient avec des pistoleiros (1). Nous sommes constamment menacés puisque nous, les personnes du CIR, n’avons pas peur d’exiger nos droits. Notre position est que nous n’allons pas nous résigner, nous allons toujours dénoncer ce qui n’est pas juste. Nous agissons au nom de la défense de notre peuple.

CM - Dans le document final de l’assemblée, les leaders affirment être très préoccupés par les négociations sur les limites des terres indigènes Raposa Serra do Sol. Qu’est-ce que recouvrent ces négociations ?

MT - Le gouvernement fédéral négocie avec le gouvernement de l’Etat les terres aux frontières, les sièges des communes, comme celui de Uiramutã qui a été créé après la démarcation et qui n’est donc pas constitutionnel, les entrées du Parc National de Roraima. Nous n’allons pas négocier. Après toutes les luttes de nos ancêtres, nous ne pouvons pas négocier ces terres. Elles sont nôtres de droit, nous allons les protéger.

CM - Des mesures ont-elles déjà été prises en ce qui concerne les dégâts des agrotoxiques sur la santé de la population ?

MT - Nous avons déjà convoqué l’Ibama et toutes les autres organisations de la région. Nous avons dénoncé ces situations d’innombrables fois mais nous ne sommes pas écoutés. Nous sommes déjà allés à Brasilia pour exiger des actions. Là bas tout le monde parle bien mais personne ne fait ce qu’il dit. La situation est de plus en plus difficile.

CM - Sur quoi reposent les revendication de santé et d’éducation différenciées pour les populations indigènes ?

MT - Les populations indigènes ont toujours eu la nature comme plus grande référence. Nous apprenons beaucoup avec la nature et c’est pour cela que nous la respectons autant. Elle est notre école. Chaque être vivant est une bibliothèque pour nous. Les plantes sont des remèdes vivants. Le rôle de la nature dans nos langues, dans l’artisanat, dans nos traditions et notre culture est donc très important dans nos écoles.. En ce qui concerne la santé, nous avons nos pajés qui travaillent et soignent aujourd’hui jusqu’à Boa Vista. Nous avons nos techniques et nos savoirs qui sont bien différents des connaissances des médecins. Le médecin a sa valeur dans nos communautés mais nous croyons aussi beaucoup au pouvoir de guérison de nos pajès.

CM - Le thème de cette 34è assemblée était : « Makunaíma : vivant jusqu’au dernier Indien ». Qui fut Makunaima et que représente-t-il pour les peuples indigènes ?

MT - Makunaima était un être qui a vécu il y a très longtemps et qui avait tous les pouvoirs. Il savait ce qui était bon pour ses enfants. Il les éduquait à respecter l’environnement, les forêts, les rivières. Un être très puissant. Pour nous, il représente ce pouvoir et la force de résistance, le courage. C’est pour cela qu’il est vivant parmi nous.

(1) Pistoleiros : tueurs à gages

Par Patrícia Bonilha - Agência Carta Maior - 21/02/2005

Traduction : Emilie Sobac pour Autres Brésils

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