Limiter l’effet de serre grâce aux pratiques agricoles

À l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement), les chercheurs quantifient l’émission et le stockage des gaz à effet de serre dans les sols cultivés des régions tropicales. Ils ont ainsi montré, avec leurs partenaires locaux, les avantages du passage d’une récolte de la canne à sucre avec brûlis à une récolte sans brûlis, au Brésil. En proposant des alternatives culturales viables, les études quantitatives peuvent permettre aux pays à forte vocation agricole de participer à la limitation de l’effet de serre.

Plus d’un tiers des gaz à effet de serre émis dans l’atmosphère est issu des activités agricoles et forestières. Une des préoccupations actuelles est de trouver les moyens de gérer différemment l’agriculture afin d’accroître le stockage du carbone dans les sols et de limiter les émissions de gaz qui contribuent au réchauffement global de l’atmosphère. Les plantes, via la photosynthèse, assimilent le gaz carbonique sous forme de carbone végétal, dont une partie (les racines et les résidus de récoltes) est restituée au sol et stockée sous une forme stable dans la matière organique. Les quantités de carbone stockées dans le sol relèvent tant des pratiques culturales que de la nature des sols. Cependant, certaines pratiques agricoles (fertilisation, l’irrigation, etc.), favorisent les émissions d’autres gaz à effet de serre, tels le méthane et l’oxyde nitreux. Parmi les alternatives de gestion proposées, l’absence de labour et les cultures sous couverture végétale sont souvent préconisées. Les chercheurs de l’IRD privilégient une évaluation quantitative, au champ, des alternatives de gestion des terres agricoles et forestières dans les régions tropicales. Au Brésil, ils ont ainsi mis en évidence, avec leurs partenaires locaux [1], les avantages du passage d’une récolte traditionnelle de la canne à sucre par brûlis à la pratique du non brûlis.

Dans ce pays, la culture de la canne à sucre couvre près de 5 millions d’hectares et produit 10 à 15 tonnes de feuilles (matière sèche) par hectare et par an. La récolte traditionnelle, manuelle, se fait après brûlis de la canne sur pied. La combustion des feuilles transforme immédiatement le carbone végétal en dioxyde de carbone et en méthane, enrichissant ainsi l’atmosphère. Elle entraîne également des émissions d’oxyde nitreux, provenant d’une partie de l’azote végétal. Or, le méthane et l’oxyde nitreux ont un potentiel de réchauffement global élevé, respectivement 20 et 300 fois supérieur à celui du gaz carbonique. Par ailleurs, le brûlis des champs libère des composés potentiellement toxiques, des cendres carbonées polluantes, et, du fait de l’absence de litière, favorise l’érosion des sols. Une alternative à ce mode de gestion des terres est le non-brûlis, mais cette pratique oblige à mécaniser la récolte (2). Dans ce cas, les feuilles sont laissées en paillis sur le sol. Une majeure partie (80 à 90 %) retourne, par décomposition, sous forme de gaz carbonique dans l’atmosphère au cours de l’année suivante. Le restant (10 à 20 %) peut s’accumuler sous forme de litière ou être incorporé dans les premiers centimètres du sol, augmentant ainsi le stock de carbone.

Voir en ligne : Limiter l’effet de serre grâce aux pratiques agricoles

[1L’unité de recherche « Séquestration du carbone dans les sols tropicaux » de l’IRD a collaboré pour cette étude, au Brésil (Piracicaba), avec le laboratoire de Biogéochimie Environnementale du CENA (Centro de Energia Nuclear na Agricultura, université de São Paulo).

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