Le paradis est vraiment chouette [O Paraíso é bem bacana], de André Sant’Anna

 | Par Companhia das Letras

Source : Companhia das Letras

Traduction pour Autres Brésils : Pascale Vigier. Relecture : Piera Simon-Chaix

Le paradis est vraiment chouette [O Paraíso é bem bacana], de André Sant’Anna (Companhia das Letras, 2006)

Ce sont soixante-douze vierges, dit la tradition islamique, que recevra chaque martyr de la foi, et ça n’a pas de raison d’être différent dans le cas de Muhammad Mané, c’est à dire Manoel dos Santos, espoir du football allemand et international, récemment converti et récemment immolé – allez donc savoir si c’est pour les meilleures raisons - à la foi d’Allah. Soixante-douze, toutes belles et tendres, gentilles, complaisantes, du jamais vu dans sa vie, qui embaument la mayonnaise et l’eucalyptus. Le Paradis semble vraiment chouette. Mais non.

Prisonnier d’un lit d’hôpital à Berlin, au seuil de la mort, Mané profite, tant qu’il est temps et en une seule fois, de tout ce qui lui a été systématiquement refusé au long de sa brève vie et de sa carrière plus brève encore : sandwiches arrosés de mayonnaise, femmes sensuelles et maternelles, seins à prothèse et orifices intimes à odeur d’eucalyptus, sans les cicatrices, les maladies vénériennes et les morpions de sa misérable ville natale, Ubatuba, sur la côte pauliste. Mais non. Parce que même ses rêves réservent à l’athlète la révélation que, finalement, « tout est Enfer ».

C’est sûr que tout pourrait être différent, si au moins les spécialistes et les psychologues n’étaient pas aussi bornés, si les camarades n’étaient pas aussi cruels, si sa mère ne buvait pas autant, si Ueverson, l’impayable avant- centre qui préfère vivre le paradis sur Terre, n’était pas obsédé par le sexe à une échelle herculéenne. Mais non. Dans Le Paradis est vraiment chouette, André Sant’Anna fait vivre à toute vitesse le manège des lieux-communs qui constituent le tissu de la pensée : tous sont également prisonniers des phrases et des idées fixes qui les définissent et, sur un mode pervers, les épuisent.

Roman à la fois minimaliste et foisonnant, hilarant et discordant, Le Paradis est vraiment chouette confirme la place de André Sant’Anna parmi les meilleurs narrateurs du Brésil actuel. Après l’expérimentation accomplie de ses deux premiers romans, Sant’Anna compose une œuvre puissante, image inversée des représentations brésiliennes les plus aimées, qui culmine dans un acte extrême et solitaire du anti-héros Mané en plein stade olympique de Berlin.

André Sant’Anna
Né à Belo Horizonte en 1964, il a vécu à Rio de Janeiro où il a joué avec le groupe Tao e Qual. Il habite aujourd’hui à São Paulo. Il est l’auteur des livres Amor [Amour] (1998), Sexo [Sexe] (7Letras, 1999)), Amor e outras histórias [Amour et autres histoires] (2006) et Inverdades [Contrevérités] (7Letras, 2009). Il est considéré comme l’un des plus grands talents de la littérature brésilienne actuelle. L’un de ses textes a été publié dans l’anthologie Os cem melhores contos da literatura brasileira [Les cents meilleures nouvelles de la littérature brésilienne] (Objetiva, 2000). Il était présent à la foire internationale du livre de Francfort en octobre 2013.

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