Le Tribunal permanent des Peuples, pour juger les transnationales (1)

Le Tribunal des Peuples est notamment l’héritier des tribunal Russel qui
se sont tenus pendant la Guerre du Vietnam. Le but est, dans la dignité
maximum (et des jurés choisis pour leurs compétences et leur
« respectabilité »), de pointer des zones de non-droit où le recours
juridique n’est pas possible, d’établir des faits et d’attirer
l’attention sur eux et sur les entorses aux droits qu’ils représentent,
plus encore que de « juger » à proprement parler.
[Ndlr]


<img694|left> Le mois dernier, j’ai participé à Vienne, en Autriche, à diverses activités organisées par les mouvements sociaux latino-américains et européens, en parallèle au Sommet des présidents de nos pays. Parmi celles-ci, la plus importante a été la tenue du Tribunal permanent des Peuples, une institution organisée par la Fondation Lelio Basso de Rome, qui se propose de juger l’action des transnationales européennes en Amérique latine. Ce tribunal a une grande réputation dans le monde entier, surtout depuis sa participation dans les jugements des crimes de guerre commis au Vietnam et des crimes des dictatures dans le Cône Sud dans les années 70.

Aujourd’hui, stimulé par les mouvements sociaux d’Europe et d’Amérique latine, le Tribunal a accepté d’analyser, d’étudier et de juger ce que nous considérons être des crimes économiques et sociaux pratiqués par des entreprises à capitaux européens dans leur exploitation incontrôlable en Amérique latine.

L’évaluation est partagée par tous les mouvements et experts du secteur, selon laquelle, au cours des quinze dernières années, le modèle néolibéral a représenté la consolidation d’un nouveau modèle d’accumulation du capital, contrôlé par le capital financier international. Et que cela a servi à instaurer une hégémonie politique et militaire de la part du Gouvernement états-unien et de ses capitaux. Mais que cela a également ouvert un espace pour le renforcement de l’impérialisme économique, de la part de grandes entreprises européennes qui, unifiées par le capital financier dans de nouveaux groupes et conglomérats, en sont venues à contrôler divers secteurs de l’économie latino-américaine. Elles dominent le commerce de matières premières, la production de cellulose, le secteur des services (eau, transports, téléphonie), et surtout le système financier latino-américain. Autrement dit, l’Amérique latine subit une re-colonisation économique, non plus de la main de fer du colonialisme, mais par la force financière de ses groupes.

Ceci fut la toile de fond de la nécessité de la tenue du Tribunal. Comment celui-ci se déroule-t-il ?

Plusieurs plaintes ont été présentées sur les méthodes de surexploitation de la main d’œuvre, de la dégradation irresponsable de la nature, du contrôle de l’Etat - qui est utilisé uniquement comme agent de répression et instrument de transfert de la plus-value sociale à ces entreprises - et de la manipulation qu’elles font de la presse, dans presque tous les pays d’Amérique latine.

Pour illustrer cette plainte générale, chaque pays latino-américain a présenté des cas concrets contre des entreprises transnationales européennes et leur forme d’exploitation. Ainsi, par exemple, des preuves ont été produites contre l’entreprise française des eaux Suez, contre plusieurs entreprises pétrolières qui agissent en Bolivie, Equateur et Colombie, portant atteinte aux peuples indigènes, ou contre la British American Tobacco (qui ici [au Brésil] porte le nom de Souza Cruz).

Dans le secteur agroalimentaire, il y a une dizaine d’entreprises transnationales européennes qui agissent pratiquement sur tout le continent, utilisant toutes les méthodes possibles, sans aucune responsabilité sociale, avec l’unique objectif d’augmenter, coûte que coûte, leurs taux de profit. En outre, des plaintes ont été présentées par plusieurs pays, contre, par exemple, les activités de Bayer au Pérou, contre Unilever et Bungue, qui contrôlent le commerce du soja, etc.

Le cas des entreprises de cellulose et de papier

Pour le cas de la cellulose, des plaintes ont été présentées contre les quatre principales entreprises nordico-espagnoles qui agissent aujourd’hui dans le Cône Sud du continent, imposent les plantations industrielles de l’eucalyptus, et contrôlent plus de 80% de tout le marché mondial de cellulose. Il s’agit de Botnia (Finlande), Ence (Espagne), Lorentzen (groupe norvégien propriétaire d’Aracruz) et Stora Enso (Suède).

Toutes utilisent les mêmes méthodes. Elles s’associent avec des groupes nationaux, comme ici au Brésil avec Votorantim. Elle n’investissent pas leur capital, mais utilisent l’épargne nationale, comme dans notre cas, des financements de la BNDES (Banque nationale de développement économique et social) pour installer leurs usines et planter leurs forêts. Elles contrôlent le marché de manière oligopolistique, puisqu’elles construisent leurs fabriques en s’associant. Autrement dit, toute possibilité de concurrence entre elles disparaît. Ici au Brésil, les trois sont associées, par exemple dans le cas de Veracel, installée dans le sud de Bahia. Et elles s’associeront aussi pour la nouvelle fabrique prévue dans l’état de Rio Grande do Sul. Elles achètent de grandes extensions de terre. Dans le cas uruguayen, elles sont déjà propriétaires de 17% du territoire national, ce qui porte atteinte y compris à la souveraineté nationale.

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