La légitimité de la grève de la faim de l’Evêque qui jeûne pour nous

 | Par Valério Arcary

Par Valério Arcary

Mgr. Luiz Cappio manie avec un courage admirable l’arme de la grève de la faim afin d’exiger du gouvernement Lula la suspension des travaux de détournement du fleuve São Francisco. Sa lutte mérite l’appui de tous. Ce détournement est un projet plus que controversé et de nombreuses critiques très sérieuses démontrent que les milliards de reais investis ne seront pas suffisants pour garantir l’accès à l’eau potable. Ce sont en réalité des intérêts d’entreprises qui se cachent derrière le discours portant sur le fait d’« amener l’eau à ceux qui ont soif ».

Mais il existe une autre dimension dans la grève de la faim de Mgr. Cappio. La légitimité de la grève de la faim en tant que forme de lutte a été mise en doute par les forces qui appuient le gouvernement, en tout premier lieu par les dirigeants du PT [Parti des Travailleurs] qui ont mobilisé Patrus Ananias, un militant catholique, pour accuser D. Cappio d’être extrémiste et radical. Cette accusation n’est pas innocente. Elle a pour objectif de diminuer son capital de sympathie sociale, de réduire son audience politique et d’étouffer la répercussion internationale que connaît sa grève de la faim.

Sur tous les continents, les grèves de la faim ont constitué au cours du XXe siècle l’une des formes de lutte défensive pour les droits démocratiques élémentaires. Sa légitimité, autant historiquement que politiquement, est irréfutable. Elle a gagné une visibilité mondiale à partir des grèves de la faim de Gandhi contre l’oppression coloniale anglaise en Inde avant l’indépendance, et ces grèves ont été menées dans une stratégie de désobéissance civile. En Bolivie, il existe également une longue tradition de grèves de la faim, et l’une d’elles a mis le feu au pays en conduisant jusqu’à une grève générale qui a renversé la dictature Banzer en 1978. Toujours en 1978, mais au Mexique, 84 femmes et quatre hommes ont commencé un jeûne dans la Cathédrale pour exiger la libération de 1500 prisonniers. Leur action a obtenu la première amnistie politique qu’a connue le pays. Finalement, au Brésil, en 1978 également, presque deux dizaines de militants de la toute jeune Convergência Socialista [courant marxiste-révolutionnaire qui participera à la création du PT] ont fait une grève de la faim à la PUC/SP [Université Pontificale Catholique de São Paulo] lorsque tout le Comité Central – à l’exception de trois membres – a été mis en prison au mois d’août avec Nahuel Moreno [dirigeant trotskyste argentin, 1924-87]. Ils ont ainsi pu empêcher la déportation du leader argentin vers Buenos Aires, où une mort quasi certaine l’attendait.

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