29 avril 2016
Traduction par Françoise Couëdel sur Alterinfos
Le processus de destitution de la présidente Dilma Rousseff a été rendu possible par la conjonction de trois faits : la rupture de l’alliance avec les entrepreneurs, l’ascension d’une nouvelle droite militante et les erreurs graves du PT qui a abandonné la rue. Reste une société blessée et un modèle économique extractiviste qui a sapé l’hégémonie pro-Lula et que la gauche n’a pas été capable de remettre en question.
« J’ai appris à ne pas sous-estimer la capacité du Brésil à se saborder », a déclaré José Murilo de Carvalho, un des plus importants historiens brésiliens (El País, 16 avril 2016). Il affirme que le Brésil vit sous l’emprise de « la politique de la haine lancée, dans la décennie de 1959, par l’Union démocratique nationale contre Getúlio Vargas qui a culminé avec le coup d’État de 1964 ». Le PT s’est chargé ensuite de canaliser cette orientation vers la gauche, en adoptant sans le dire un des slogans d’un politicien droitiste « je vole mais j’agis ».
C’est avec un pessimisme profond qu’il envisage l’avenir du pays. « La politisation nouvelle ne passe pas par les partis. Pour le moment aucun parti n’est capable de lui donner une orientation cohérente, pas même le Réseau de Marina Silva. Et si on continue sur cette lancée, il n’y a aucun avenir ».
La crise politique qui a conduit à lancer le processus de destitution de la présidente Dilma Rousseff met en évidence le dysfonctionnement du système politique brésilien, qu’il s’agisse de ses institutions démocratiques ou de sa classe politique. Il est difficile de trouver la raison profonde de la crise actuelle.
Il faudrait regarder sur le long terme—de la persistance d’une société coloniale qui a naturalisé le racisme—confortée par les vents nouveaux qui soufflent dans le monde, l’ascension d’une nouvelle droite ancrée au sein de l’entreprenariat industriel et de la classe moyenne-haute, jusqu’à la corruption généralisée des politiques et l’absence d’une orientation claire des gouvernements de Lula et de Dilma, qui persistent à ne pas interpréter convenablement les évènements de juin 2013.
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