L’économie sociale et solidaire plus présente que jamais lors du dernier Forum Social Mondial

 | Par Ariane Denault-Lauzier

Les acteurs du mouvement mondial de l’économie sociale et solidaire, qui ont participé activement à la neuvième édition du Forum Social Mondial (FSM), en ressortent immensément satisfaits et remplient d’énergie pour continuer le travail de construction de cette autre économie.

La crise systémique, économique, alimentaire, climatique et financière, dans laquelle est plongée le monde actuel a teinté les discussions qui ont eu lieu lors du FSM. L’économie sociale et solidaire s’est avérée ressortir comme étant partie prenante d’une alternative concrète au condamnable système actuel. En effet, les acteurs de l’économie sociale et solidaire ont su démontrer encore une fois, grâce à une programmation de plus d’une centaine d’activités et d’une Foire de l’économie sociale et solidaire, que cette autre façon de pratiquer l’économie, que ce soit au niveau de la production, de la commercialisation, de la consommation ou de l’organisation du travail, existe et qu’elle fonctionne.

Le slogan choisi pour cette neuvième édition parle de lui-même, les années antérieures, le mouvement de l’économie sociale et solidaire prônait le slogan « une autre économie est possible », cette année, l’on brandissait fièrement la bannière « otra economia acontece », soit une autre économie est en marche.

Pour la première fois au sein d’un FSM, l’économie sociale et solidaire s’est vue octroyer un territoire immense pour le déploiement de ses activités. Durant les quatre jours de débats, des centaines d’activités ont été organisées : ateliers participatifs de réseautage (rencontre du réseau des incubateurs universitaires, sur les systèmes d’informations) et d’échanges (rencontre sur les collectifs autogestionnaires), ateliers de formation (projet de recyclage, formation sur l’économie sociale et solidaire ou le microcrédit), conférences (l’économie sociale et la souveraineté alimentaire, les politiques publiques d’appui au mouvement), dialogues entre mouvements sociaux (rencontre du RIPESS), plénières, etc.

De plus, à l’intérieur de ce territoire, les acteurs de l’économie sociale et solidaire du Brésil (plus de 800 personnes), ont organisé, sous la coordination du Forum Brésilien de l’économie solidaire (FBES), une immense Foire de plus de 300 kiosques. Chacun des Forums d’économie solidaire régionaux a eu l’occasion de présenter son artisanat, ses produits alimentaires, ainsi qu’animer des kiosques d’information.

Pour la première fois, une Foire d’alimentation a aussi été mise en place ; une vingtaine d’entreprises d’économie solidaire de la région de Belém (boulangeries artisanales, cuisines populaires, coopératives) ont offert des repas pour les participants au FSM. Finalement, le Territoire de l’économie solidaire possédait aussi sa propre banque, Ecobanco, et sa propre monnaie sociale (celle utilisée par les réseaux de la région), l’Amazonida. Il était donc possible d’acheter tous les produits de la Foire et de la Place d’alimentation en échange de cette monnaie sociale.

Finalement, les acteurs de l’économie sociale et solidaire ont présenté leurs revendications lors de l’Assemblée des Mouvements sociaux qui a clôturé le FSM. Cette Déclaration affirme que « face à la crise économique internationale, l’économie sociale et solidaire constitue une des stratégies qui permet une croissance économique durable et la construction d’un nouveau modèle de développement centré sur le bien-être des personnes de nos cinq continents ».

La Déclaration met l’emphase sur six points : l’importance de renforcer les processus liés à la finance solidaire ; de garantir la souveraineté alimentaire grâce aux expériences d’économie sociale et solidaire ; que le FSM devienne un espace politique et de réseautage pour la construction du mouvement de l’économie sociale et solidaire ; l’importance de créer des systèmes d’informations technologiques pour permettre les échanges solidaires entre les acteurs au niveau national et international ; que le Territoire de l’économie sociale et solidaire demeure un espace permanent au sein des prochaines éditions du FSM et qu’il puisse s’articuler avec d’autres grandes thématiques. Pour conclure sur une action concrète, les acteurs de l’économie sociale et solidaire ont demandé au gouvernement brésilien d’approuver le projet de Loi da Merenda Escolar Brasileiro (collations scolaires), qui garantit que 30% des aliments des collations pour les écoles seront achetés à des organisations locales d’agriculture familiale et d’économie sociale et solidaire.

Une des grandes conclusions qui est ressortie de cette rencontre est la nécessité et la volonté d’une meilleure articulation entre les divers mouvements sociaux, que ce soit le mouvement des femmes, écologiste, syndical ou autochtones. En effet, tous s’entendent sur les mêmes principes et tous proposent depuis longtemps des alternatives au modèle actuel. Comme le mentionnait le professeur Paul Singer lors d’une de ses présentations au FSM , "il est aujourd’hui imminent de développer des stratégies afin d’articuler les différents mouvements sociaux et la mouvance de l’économie sociale et solidaire afin de lutter ensemble à la réalisation d’objectifs plus grands qui donneront l’opportunité à tous et toutes d’être heureux collectivement". Le RIPESS (Réseau Intercontinental de Promotion de l’Économie Sociale et Solidaire), qui s’est réuni à plusieurs reprises durant le FSM, s’est donné comme mission de favoriser cette articulation entre les divers mouvements au niveau international.

Auteur : Ariane Denault-Lauzier, Chantier de l’économie sociale


Sources :

  • Propos recueillis lors de diverses activités liées à l’économie sociale et solidaire lors du FSM :

« Économie solidaire et développement durable : visions de la société civile et des gouvernements », panel organisé par Caritas International.

« Rencontre mondiale de l’économie solidaire : RIPESS en dialogue avec les mouvements sociaux », panel organisé par le RIPESS.

« Une proposition politique pour un développement solidaire : l’organisation de l’économie solidaire au Brésil », atelier organisé par le FBES.


Pour consulter la Déclaration du mouvement de l’économie sociale et solidaire (version portugaise) : ICI


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