Une étude réalisée par la FIPE (Fundação Instituto de Pesquisas Econômicas) révèle que l’agriculture familiale est responsable de 27% du PIB de l’Etat du Rio Grande do Sul (RS), un des principaux producteurs de produits alimentaires du pays. L’agro-alimentaire d’exportation représente 23% du PIB gaúcho*.
En 2003, l’agriculture familiale a généré 27% du PIB de l’Etat de Rio Grande do Sul, alors que l’agro-alimentaire (tourné essentiellement vers l’exportation) représentait 23% du PIB gaúcho. Les filières productives liées à l’agriculture représentaient la moitié du PIB de l’Etat, alors qu’au niveau fédéral, cette participation tombait à 33%. Les chiffres présentés ce vendredi 10 mars, durant la réunion de la Commissions de l’Agriculture, de l’Elevage et du Coopérativisme de l’Assemblée Législative du RS, sont le résultat d’une enquête inédite réalisée par la FIPE (Fundação Instituto de Pesquisas Econômicas), de l’Université de Sao Paulo (USP), sur demande du Ministère de Développement Agraire (MDA). L’objectif de l’étude était de quantifier le revenu généré pas les chaînes productives liées à l’agriculture familiale.
L’audience publique a compté avec la présence du Ministre du Développement Agraire, Miguel Rossetto, qui a souligné l’importance stratégique de l’agriculture familiale pour l’économie brésilienne, dans la lignée des conclusions de la FIPE. La méthodologie et les critères utilisés pour l’analyse ont été détaillés par le professeur Joaquim José Martins Guilhoto, de la Faculté d’Économie et d’Administration de l’USP.
La première étude relative au PIB des chaînes productives de l’agriculture familiale au Brésil a été divulguée en décembre 2004 et est disponible sur le site du MDA (www.mda.gov.br). L’enquête régionale réalisée au Rio Grande Do Sul, un des principaux producteurs de produits alimentaires du pays, a montré que durant la période 1995 - 2003, la participation moyenne de l’agriculture familiale du RS (23.5%), était 2,5 fois supérieure à la moyenne nationale (9.3%). L’agrobusiness a déjà atteint une participation semblable (19,4% dans le RS et 19,1% au niveau national).
Démontant quelques mythes
La recherche de la FIPE a aussi révélé que lors des huit dernières années, l’agriculture familiale du RS a augmenté de 52%, alors que la variation du PIB gaúcho a atteint 25% et celle du PIB national seulement 16%. Dans l’évaluation de Joaquim Guilhoto, ces données mettent à mal quelques mythes et prouvent que l’agriculture familiale a une réelle importance économique, n’assurant pas uniquement la fonction de garantie de subsistance des petits agriculteurs. Le secteur est responsable, par exemple, de 99% de la production des produits laitiers et de 58% du soja. En commentant les résultats de la recherche, le président de la Commission de l’Agriculture, de l’Élevage et du Coopérativisme, le député Elvino Bohn Gass (PT), a précisé qu’ils montrent que les agriculteurs issus de l’agriculture familiale ne doivent plus être considérés comme des pauvres gens qui ont besoin de politiques compensatoires, mais comme des producteurs participant de manière importante à la formation du PIB de l’État et du pays.
Pour le ministre Miguel Rossetto, l’enquête de la FIPE présente, entre autres points forts, la possibilité de qualifier les politiques publiques pour le secteur. Rossetto a encore noté que l’agriculture familiale intègre aujourd’hui plus de 4 millions de producteurs dans tout le pays, et 440 000 au Rio Grande Do Sul. Pour lui, il s’agit d’un segment disposant d’une grande capacité de réponses économiques, générateur de revenu, producteur d’aliments et distributeur de richesse. « Celle-ci représente la vraie modernité dont a besoin le pays », a-t-il résumé. D’autre part, le titulaire de MDA a admis qu’il existe des problèmes qui doivent être affrontés, notamment la question des intrants. Rossetto a défendu la nécessité de réfléchir à une chaîne productive équilibrée, afin d’éviter la concentration de revenus dans un secteur unique. De là, il a justifié l’importance que le MDA donne à l’agriculture familiale par l’augmentation de ressources fédérales qui sont passées de 2,4 milliards BRL à 7 milliards BRL cette année.
Des mesures contre la sècheresse
Le ministre du Développement Agraire a aussi confirmé que le Président Luiz Inácio Lula Da Silva devait se rendre au Rio Grande Do Sul la semaine prochaine pour annoncer un ensemble de mesures d’urgence pour enrayer les préjudices des agriculteurs gaúchos face à la sécheresse. Rossetto a avancé que la vérification des préjudices des producteurs s’est réalisée pour le paiement de l’assurance agricole. Selon lui, sur les 238 000 contrats d’assurance pour agriculture familiale du RS, environ 40 000 d’entre eux ont déjà notifié des préjudices dus à la sécheresse. En outre, il a affirmé que le gouvernement fédéral travaille à l’accélération de l’évaluation des décrets de situation d’urgence des villes (déjà plus 400 ont été traités) et à la facilitation de la mise à disposition des ressources pour des constructions hydriques. Une autre mesure qui doit être annoncée par Lula est la prorogation des investissements agricoles avec la mise à disposition de ressources à partir de mai pour les producteurs assurés au niveau agricole.
Les préjudices causés par la sécheresse dans l’État ne touchent pas seulement les agriculteurs. Environ 50 villes rationnent déjà la fourniture d’eau potable. Les bassins des fleuves Gravataí et Sinos approvisionnent en eau plus de 2 millions de personnes dans la région métropolitaine de Porto Alegre. Selon le président de la Fondation de l’Environnement de Gravataí, Paulo Muller, la situation de l’approvisionnement en eau des villes de Cachoeirinha, Alvorada, Viamão et Gravataí est très critique. Durant les derniers quatre mois, d’après une enquête réalisée par le Département de Météorologie de l’Aéronautique, seules des chutes de 201,6 millimètres de pluie ont été enregistrées dans la région de la capitale gaúcha, alors que la moyenne idéale est approximativement de 500 millimètres. La persistance de la sécheresse dans l’État et sa récurrence durant les dernières années renforcent l’hypothèse qu’il ne s’agit pas d’un phénomène aléatoire, mais d’un déséquilibre climatique causé par des modifications environnementales, notamment par le déboisement.
Par Marco Aurélio Weissheimer
Source : Agência Carta Maior - 14/03/2005
Traduction : Bettina Balmer pour Autres Brésils
gaúcho* : de l’état du Rio Grande do Sul