L’OIT rend un rapport sur le travail esclave au Brésil (2)

Jeune et migrant

Selon les statistiques présentées dans la publication, de 1995 à 2005, 17 983 personnes ont été libérées dans le cadre des actions des Groupes Mobiles d’Inspection. Au total, 1 463 propriétés ont été inspectées dans le cadre de 395 opérations. Les tableaux montrent une légère diminution du nombre d’inspections entre 2003 et 2004. La cause principale de cette baisse serait une grève de 80 jours de la Police Fédérale et l’assassinat de trois commissaires aux comptes et d’un chauffeur du Ministère du Travail et de l’Emploi (MTE), en charge de l’inspection des propriétés dans la région d’Unai (Minas Gerais), en janvier 2004 - ce qui, à l’époque, a suscité des tourments entre les commissaires aux comptes qui agissaient sur le terrain.

Pour définir le profil des travailleurs libérés, les chercheurs Ana de Souza Pinto et Maria Antonieta da Costa Vieira ont réuni les rapports d’opérations des équipes mobiles du MTE effectuées entre 1997 et 2002 dans le sud et le sud-est du Para. D’après ces données, l’âge moyen des travailleurs était d’environ 33 ans. Plus de la moitié d’entre eux (55.7%) avaient entre 18 et 35 ans et la grande majorité (84.4%) avaient moins de 45 ans. Les enfants et les adolescents mineurs ont aussi été trouvés au travail ; de ce pourcentage, 2.2% avaient moins de 14 ans.

De la totalité des travailleurs recensés dans la région, la majorité absolue (91.5%) était des migrants. Les originaires de l’Etat du Para ne représentaient qu’à peine 8.5% et étaient, dans la majorité des cas, des jeunes nés dans la région de l’incidence du problème (dans des municipalités comme Redenção, Conceição do Araguaia e Maraba), venant de familles qui ont migrées au Para dans les décennies de 1970 et 1980. Les migrants provenaient, principalement, d’états du Nordeste et du Centre-ouest. Les habitants du Maranhão représentaient 39.2%, suivis des originaires du Piaui (22%) et du Tocantins (15.5%).

Combat et déboisement

En ce qui concerne la répression, le rapport indique le succès obtenu avec la performance des Groupes Mobiles d’Inspection. Grâce aux inspections qu’ils ont réalisées, le nombre de travailleurs est passé de 84 en 1995 à 5 090 en 2003, et 4 113 en 2005. De la même manière, les indemnisations payées par les employeurs ont également augmenté : entre 1995 et 1999, il n’y avait pas de registre de compensations en opération, quand 21 985 124 Réais ont été payés dans les six années suivantes.

En recroisant les données fournies par le Secrétariat de l’Inspection du Travail du MTE et les photos satellites de l’Institut National des Recherches Spatiales, le rapport dresse une carte montrant les terrains déboisés de l’Amazonie et les libérations des travailleurs esclaves. Sur cette carte, on vérifie que la concentration des propriétés rurales qui ont eu recours au travail esclave est exactement sur la bordure de l’arc de déforestation qui s’étend de l’Etat de Rondônia jusqu’au Maranhão. En comparant la liste des municipalités où ont été libérés le plus de travailleurs avec le tableau des localités les plus déboisées, des coïncidences peuvent aussi être observées. Beaucoup des municipalités en tête de la première liste apparaissent en tête de la seconde, comme São Félix do Xingu (Para).

Pour finir, le rapport donne des suggestions pour l’avancement dans le combat contre le travail esclave, comme l’augmentation de ressources humaines et financières pour les institutions publiques qui agissent pour l’éradication de ce crime, l’approbation des changements dans la législation, le renforcement du système d’inspection, la tenue de la « liste noire » comme arme contre les esclavagistes et l’implantation d’un plan de prévention du travail esclave.


Source : Repórter Brasil - 20/09/2006

Traduction : Mariane Bellanger pour Autres Brésils


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