« Ils arrivent en tirant... »

Le maintien de l’ordre au sein des
populations socialement exclues

Un rapport public d’Amnesty International sur le Brésil (2 décembre 2005)


Résumé

Pour les millions de Brésiliens socialement exclus qui vivent dans les favelas, ces
quartiers constitués d’habitations toujours précaires construites le plus souvent
illégalement, la violence fait partie du quotidien. Cette violence est engendrée
aussi bien par la criminalité que par les méthodes d’un certain nombre de
policiers, c’est-à-dire par ceux-là mêmes qui sont payés pour les protéger. Les
favelas ont en commun d’être dépourvues de services essentiels tels que
l’électricité, le tout-à-l’égout, l’eau potable, et leurs habitants sont victimes de
multiples formes de discrimination.
Le taux de violence et de criminalité est extrêmement élevé dans tout le Brésil, en
particulier dans les grandes villes, où le nombre des homicides est l’un des plus
élevés au monde. Près de 50 000 homicides ont été enregistrés en 2002, auxquels
il faut ajouter des centaines de milliers d’agressions et de vols avec violence.

Or,
c’est précisément dans les favelas, là où les habitants ne peuvent pas compter sur
la protection de l’État, et notamment sur une protection efficace de la part de la
police, que les homicides et les autres actes de violence sont les plus nombreux.
Aujourd’hui, le gouvernement fédéral et les gouvernements des États dépendent
presque exclusivement des forces chargées d’assurer la sécurité publique, à savoir
la police, pour résoudre les problèmes de violence et enrayer la criminalité. Cette
évolution s’est faite aux dépens d’investissements sociaux ciblés devant traiter les
causes sous-jacentes de la violence. Dans le même temps, elle a accentué les
pratiques de maintien de l’ordre caractérisées par la discrimination et les abus, qui
n’empêchent pas le crime et ne respectent pas les droits humains.

Il en résulte que
non seulement la politique brésilienne en matière de sécurité, que ce soit niveau
fédéral ou des États, n’a pas réduit la violence et la criminalité, elle a même
contribué à leur croissance
.
Ce processus s’est manifesté sous plusieurs formes, notamment par des
« invasions » dans les quartiers défavorisés ou favelas, souvent à l’aide de
mandats collectifs visant des groupes humains tout entiers ; des violations des
droits humains atteignant des niveaux extrêmes, avec des exécutions
extrajudiciaires et des actes de torture ; une corruption très étendue au sein de la
police ; et l’absence quasi totale de la moindre forme de protection, les personnes
socialement exclues se trouvant de fait abandonnées aux mains de gangs et de
trafiquants de drogues. Lors d’entretiens avec les délégués d’Amnesty
International, nombreux étaient ceux qui parlaient d’une « criminalisation de la
pauvreté ».

Une véritable sécurité repose nécessairement sur le respect des droits humains de
tous. Assurer la sécurité publique, c’est veiller à ce que nul ne soit tué ou ne soit
victime d’une forme quelconque de violence. Ce n’est certainement pas garantir
la protection de quelques-uns au détriment de beaucoup d’autres. Pour lutter
contre cette violence, les autorités fédérales et des États doivent se doter d’une
stratégie précise et pensée sur le long terme. Pour que cette stratégie fonctionne,
elle doit définir les causes de la violence et s’y attaquer, tout en en combattant les
manifestations et les effets. Elle doit, par conséquent, identifier les secteurs où la
violence est la plus forte et tenter de répondre aux besoins spécifiques de ces
secteurs. Ce processus doit se caractériser par un maintien de l’ordre dont les
forces soient sensibles aux besoins de la population, représentatives de celle-ci et
responsables devant elle ; une réduction immédiate des homicides commis par la
police et un regain d’efforts pour contrôler les flux d’armes devraient également
en faire partie.

Lors de la campagne électorale de 2002, le président Luiz Inácio Lula da Silva a
présenté un plan à long terme de réforme dans le secteur de la sécurité publique.
Le Sistema Único de Segurança Pública (SUSP, Système unique de sécurité
publique) que le gouvernement a mis en place par la suite propose un certain
nombre de lignes directrices destinées à aider les États à mettre en oeuvre cette
réforme, qui est fondée sur des principes de respect des droits humains.
Malheureusement, à la fin de 2005, les signes de mise en oeuvre de ces réformes
sont rares, mis à part les efforts importants déployés pour contrôler la circulation
des armes.

Le présent rapport veut montrer qu’en ne cherchant pas à répondre aux besoins à
long terme, en matière de sécurité publique, de tous les secteurs de la société
brésilienne dans le cadre d’une stratégie gouvernementale de grande ampleur pour
combattre la violence, les gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays ont
permis l’institutionnalisation d’un mode de maintien de l’ordre basé sur les
violations des droits humains et la corruption
. En renforçant et en perpétuant les
mécanismes de discrimination et d’exclusion sociales, cette politique a elle-même
contribué à ce que la violence et la criminalité atteignent les niveaux actuels.


Lire le rapport dans sa totalité :

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