Extermination d’enfants au Brésil

 | Par Siro Darlan

Siro Darlan est Juge de Seconde Instance du Tribunal de Justice de Rio de Janeiro et Coordinateur de l’Association Juges Pour La Démocratie (Juízes para a Democracia).

Source : Jornal do Brasil - 31/01/2015

Traduction : Philippe Nothomb

Une recherche réalisée au sein d’une des universités les plus prestigieuses du monde, Harvard, a conclu que les enfants négligés dans les orphelinats ou centres d’accueil pour très jeunes enfants, présentent des problèmes de développement entraînant une limitation de la capacité linguistique et mentale.

D’après la recherche, l’attention minimale nécessaire à porter aux enfants en bas âge ne peut se résumer à « changer leurs couches » et les « alimenter » : le développement cérébral lors de la petite enfance dépend des stimuli émis par leur parents ou responsables. Lorsqu’ils sont abandonnés, il manque à ces enfants le stimulus affectif : leur développement est dès lors marqué par ce dramatique préjudice.

D’après le CNJ ( Conselho Nacional da Juventude), il y aurait 80.000 enfants abandonnés reccueillis dans des orphelinats [au Brésil]. Aucun organisme public ne serait en charge de surveiller le bon fonctionnement de ces institutions.
Lors de leur adolescence et de leur émancipation, une partie de ces sujets commettent, une fois sortis des institutions où ils ont été élevés et n’ayant pas de famille sur laquelle compter, des infractions contre l’ordre public, dans le seul but de survivre. La plupart de ces jeunes sont saisis par la justice et confiés à des institutions totalitaires, afin, en principe, de les re-socialiser. Quelle ironie si l’on pense qu’ils n’ont fondamentalement jamais été « socialisés ». Ces jeunes, contrairement à ce qui est de mise pour les adultes interpellés, n’ont jamais subi d’examens déterminant leur « santé mentale » permettant de savoir s’ils comprennent, simplement, la logique de punition qui leur est imposée en conséquence des actes qu’ils auront pu commettre. Les professionnels des questions psychologiques et mentales ignorent et abandonnent à leur propre chance - ou malchance - cette parcelle de la société brésilienne qui naît pour être éliminée. C’est ce qui manquait. Mais ne manque plus.

Une enquête du Gouvernement Fédéral, de l’UNICEF et de l’Observatoire d’Analyse de la Violence de l’Université de l’Etat de Rio de Janeiro (LAV-UERJ) démontre que de 2013 à 2019, la société brésilienne aura assassiné 42.000 jeunes, et plus précisément 2,96 fois plus de Noirs que de Blancs, et 11,92 fois plus de jeunes hommes que de femmes, si on se réfère au nombre de femmes Noires. Même le régime nazi, que beaucoup de policiers élèvent librement comme l’idéal-mission de leur corporation, n’a été aussi efficace dans son extermination des indésirables. Ainsi, dans le but d’atteindre indirectement ce desiderata, le gouvernement municipal a contribué à ce crime, avec sa coutumière négligence, en : maintenant des enfants et des adolescents abandonnés dans ses baraques délabrées qu’il insiste à dénommer « abris », et en entretenant l’absolue inopérabilité des 17 Conseils Tutélaires sensés remédier à cette situation, veiller sur cette population fragile et améliorer ses chances d’intégration des jeunes. Alors qu’elle nécessiterait 66 Conseils Tutélaires efficaces, avec équipes techniques bien rôdées et un bon équipement afin de remplir la mission de protection intégrale de l’enfance qui leur est attribuée.

Pour sa part, le Gouvernement d’Etat apporte sa contribution à cette situation en fermant peu à peu les rares centres sociaux existants, préférant plutôt entraîner sa police pour casser les enfants et leur interdire l’accès de zones récréatives publiques, et entretenir le fonctionnement les maisons permanentes de tortures destinées à transformer les jeunes souffrant depuis toujours, à voir non respectés leurs droits fondamentaux, en dangereux et bien entraînés marginaux, manquant de respect à la dignité humaine au sein des installations du gouvernement d’Etat.

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