Etat de São Paulo : les professeurs en grève contre Alckmin depuis un mois

 | Par Marina Rossi

Source : El país - 10/04/2015

Traduction pour Autres Brésils : Nina ALMBERG
(Relecture : Céline FERREIRA)

Manifestation des professeurs le 10 avril / Taba Benedicto (Folhapress)

Au moins 20 000 personnes selon la police militaire et 60 000 selon le syndicat des professeurs de l’enseignement de São Paulo (APEOESP) se sont rassemblées ce vendredi après-midi [10 avril dernier] devant le siège du gouvernement de l’Etat de São Paulo. Les professeurs sont en grève depuis le 13 mars et ont voté la poursuite du mouvement en assemblée générale.

D’après l’APEOESP, la grève est soutenue par 75% des professeurs qui enseignent dans le réseau des écoles de l’Etat pauliste. Une augmentation de salaire de 75%, de meilleures conditions de travail, la réduction du nombre d’élèves par classe, le raccourcissement de la journée de travail et la réouverture des salles de classes qui ont été fermées constituent leurs principales revendications.

D’après Maria Izabel Noronha, la présidente de l’APEOESP, « c’est l’une des plus importantes grèves de l’histoire des professeurs de l’école publique ». Elle explique qu’en début d’année, le gouvernement de Geraldo Alckmin (PSDB, parti de la social-démocratie brésilienne, centre) a accordé une augmentation de 18% des salaires aux dirigeants, superviseurs et directeurs des écoles, ce qui a creusé l’écart au sein de la profession. Etant donné l’augmentation de salaire, ces personnels ne participent pas au mouvement de grève.

« La grève de cette année est très forte », poursuit Maria Noronha. « Nous comptons sur le soutien des élèves et des parents. » Selon elle, les autorités du secrétariat à l’éducation de l’Etat de São Paulo se sont entretenues avec les dirigeants du mouvement le 30 mars dernier, mais il n’y a pas eu de négociations. De ce fait, les professeurs ont décidé de poursuivre le mouvement.

Le ton de la déclaration du secrétariat à l’éducation est un bon marqueur de l’absence de négociation. Le secrétariat se défend et déclare que cette semaine, le taux de présence des professeurs dans les écoles était de 91% et que « contrairement à ce que déclare abusivement le syndicat, la valorisation des professeurs est l’une de nos priorités. On a garanti aux enseignants une augmentation de 45% de leurs salaires sur 4 ans. Le dernier réajustement a eu lieu il y a huit mois ». Le secrétariat a accusé le syndicat « d’inciter les parents à ne pas amener leurs enfants à l’école pour renforcer la paralysie et l’usage, dans certains cas, de violence ».

Pour les professeurs, un des facteurs qui compromet l’adhésion au mouvement est la peur de perdre une partie du salaire. « Beaucoup d’enseignants craignent la réduction de salaire liée à la déduction des jours de grève, c’est pour cela qu’ils ne poursuivent pas le mouvement », explique Sonia Mara de Paula, professeur à l’école Regina Barteleda à Lorena, à 204 kilomètres de São Paulo.

Soutien des élèves

La manifestation s’est déroulée de façon pacifique et sans affrontements. La police militaire n’a pas communiqué le nombre des effectifs ayant travaillé ce jour-là et n’a pas non plus publié d’informations sur la manifestation et sur les rues qui seraient bloquées, comme elle le fait d’habitude lorsque des événements ont lieu en ville. Pendant la manifestation, qui s’est déroulée dans un quartier aisé, plusieurs riverains sont sortis sur leurs balcons pour soutenir le mouvement.

Julia Ferreira, 16 ans, est l’une des élèves présente dans la manifestation : « Il manque du papier hygiénique, de l’eau, les salles de classes contiennent de la moisissure et sont pleines à craquer ». Elle étudie au collège Nosssa Senhora da Penha, à São Paulo. Steffany Alves Santos, 17 ans, qui fait partie du Mouvement Etudiant Libre (MEL), dit que le plus grand problème dans son école, c’est l’accessibilité aux services existants : « Dans mon école, il y avait une bibliothèque et un laboratoire, mais pas d’employés pour s’en occuper », dit-elle. « Donc pour pouvoir utiliser ces endroits, nous devons faire une demande, aller chercher la clé et nous y avions accès seulement trois semaines après » raconte celle qui a étudié au collègue Santo Olimpia, à São Bernardo do Campo.

« Le gouverneur a largement réduit le budget destiné à l’éducation », dit Sirlei Ferreira Camargo Carvalho, professeur dans deux écoles de la ville de Franca, à 393 kilomètres de São Paulo. « C’est pour cela qu’on manque de tout, d’eau, de verres en plastique... Mais ce qui nous manque le plus, c’est la sécurité, d’autant plus que nous travaillons dans des lieux très vulnérables. »

D’après Maria Izabel Noronha, la manifestation s’achèvera devant le siège de Globo pour demander « plus d’impartialité » dans la couverture médiatique du mouvement de paralysie. « La couverture de la presse constitue une grande injustice » dit-elle.

Le PCO (parti de la cause ouvrière), le PSOL (parti socialisme et liberté) et le PcdoB (Parti communiste du Brésil) étaient présents avec des drapeaux et des T-shirts, ainsi que des anarchistes et des leaders du groupe des supporters du club de football les Corinthiens. Sur certaines pancartes, il y avait des photos de Geraldo Alckmin appelant le gouverneur « l’exterminateur du futur ». Il y avait également des panneaux contre la Loi qui facilite l’externalisation des travailleurs (Lei de terceirização), approuvée jeudi 9 avril par la chambre des députés.

Une nouvelle assemblée générale, suivie d’une manifestation, aura lieu vendredi prochain, le 17 avril devant le MASP.

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