Entre spiritualité et spiritueux (2)

 | Par Phydia de Athayde

(2è partie)

L’après-midi se termine. Dans la rue, de bain pris, les cheveux encore humides, avance Vera Lucia Mendonça, âgée de 30 ans. Elle ne porte pas de Bible. Elle dit au revoir à son mari, qui est en costume-cravate, devant une petite maison de briques empilées, comme toutes celles de la rue, et poursuit son chemin jusqu’à l’Assemblée de Dieu Mondiale de la Foi. Vera explique qu’il va prêcher pour une autre église : "Je commence à me rendre à cette église depuis peu. Je suis ouvrière de la maison du Seigneur, missionnaire, pour la miséricorde de Dieu. Je vais mener le culte aujourd’hui."

Il est presque 19h30, l’heure du culte. Vera salue le pasteur, Javas Araujo, qui attend à la porte de l’église. Rapidement, elle s’excuse et se dirige vers le fond de la petite maison pour se préparer. De loin, on peut l’entendre prier à voix haute.

Pendant ce temps, le pasteur en profite pour montrer, fièrement, quelques attraits de l’église. A côté de l’autel, il y a une boîte en carton avec les mots : « Rupture de Malédiction ». Le pasteur explique qu’il s’agit d’une campagne et dit que les fidèles y déposent des notes, des petites lettres et des demandes de protection. Il désigne aussi un échafaudage de métal, de presque 2 mètres de haut, auquel est suspendu un tissu blanc. Ce sont les « Portes Ouvertes » : "Ça, c’est une autre campagne. La porte est au milieu de l’église et à la fin du culte, les fidèles passent à travers, reçoivent l’onction et sortent bénis."

Non loin de là, un autre culte est en cours. Autour de la table de billard, « Bizinho », « Wandipe », « Lãozinho » et « Coxinha » accomplissent le rituel quotidien qui consiste à boire de la bière et à jouer des parties. Toujours dans le même bar, toujours à la même heure.
Ivanildo de Oliveira et Silva, âgé de 26 ans, est le responsable de l’établissement, qui, à sa manière, ne manque pas d’être un temple. Ivalnildo est originaire du Pernambouc. Il est venu à São Paulo à 18 ans, après avoir été atteint de deux balles et être devenu paraplégique, pour participer à la réhabilitation dans l’Association d’Assistance aux Enfants Handicapés (AACD) : "J’ai mis de l’ordre dans ma vie, j’ai repris mes études et ai très bien réussi. Maintenant, j’aime m’occuper du bar parce que je me fais des amis, c’est une psychologie pour moi, ça me distrait un peu et j’oublie mes problèmes."

Ivanildo précise délibérément qu’il sort depuis 4 mois avec Roselene. Convié à parler de sa foi, il dit qu’il a cessé d’être catholique quand il est devenu paraplégique. En riant de lui-même, il fait le bilan : "Maintenant, je suis un croyant embêtant. Je ne sors pas prêcher, mais je lis beaucoup la Bible. J’en ai une ici avec moi, je lis quand le bar est vide. Mais je suis le genre de croyant qui prend du sirop tout en continuant à boire et à fumer !"


Par Phydia de Athayde

Source : Carta Capital n°428 - janvier 2007

Traduction de Mariane BELLANGER DE OLIVEIRA BRAZ TULSEN pour Autres Brésils


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