Contre-réformes au Brésil

 | Par Guy Zurkinden

Donné partant pour cause de corruption, le président de facto Michel Temer se maintient au pouvoir grâce au soutien des lobbies. Dont celui très vorace de l’agrobusiness.

Le 2 août, une majorité de la Chambre des députés du Brésil a décidé d’enterrer la plainte pour corruption lancée contre Michel Temer par le procureur-général de la République, Rodrigo Janot. Une mise en accusation qui faisait suite à la publication d’enregistrements accablants sur l’implication du dirigeant et de son parti, le PMDB, dans le Lava Jato, scandale de corruption qui secoue le pays depuis trois ans. M. Temer peut remercier le lobby des grands propriétaires terriens et de l’agrobusiness. Selon l’observatoire « De Olho nos Ruralistas », ces politiciens liés à l’agrobusiness, connus sous le nom de bancada ruralista, ont fourni un appui décisif au président vacillant. Un appui qui ne doit rien au hasard.

Depuis le renversement parlementaire de Dilma Rousseff, il y a un an, le nouveau président a multiplié les mesures visant à enterrer toute perspective de réforme agraire : coupes drastiques dans le budget de l’Institut national de la réforme agraire (Icra), chargé de mettre en œuvre une politique de redistribution des terres ; suppression du Ministère du développement agraire, dont la fonction était de soutenir la petite paysannerie ; quasi suppression des programmes sociaux soutenant l’agriculture familiale ; réduction brutale de l’assistance technique prodiguée aux petits agriculteurs. Des projets de loi visant à faciliter l’achat de terres par des groupes étrangers ainsi qu’à limiter la protection contre les produits agrotoxiques sont aussi dans le pipeline.

Privatisation de la terre

La mesure la plus redoutable est tombée le 11 juillet dernier. M. Temer a sanctionné un texte de loi connu sous le nom de MP 759. Son objectif premier est de régulariser l’appropriation illégale de terres publiques en Amazonie, comme le dénonce l’antenne brésilienne du WWF. Mais ce n’est pas tout. En individualisant les titres de propriété des terrains attribués à des fins de réforme agraire, la loi permettra leur revente à de grands propriétaires ou aux entreprises de l’agrobusiness.

Le quotidien conservateur O Estado de São Paulo ne s’y est pas trompé : la MP 759 a aussi pour but de « vider de sa substance l’action du MST ». En déléguant la sélection des bénéficiaires des programmes de réforme agraire aux exécutifs municipaux, la mesure vise à mettre le holà aux occupations de terres improductives organisées par le Mouvement des sans-terre.

Voir en ligne : Le Courrier

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