Consciência Negra ? Une seule communauté quilombola a été reconnue en 2012

 | Par Bianca Pyl, Daniel Santini

Source : Reporter Brasil

Traduction pour Autres Brésils : Roger GUILLOUX

NDT : Le Brésil a institué la journée de la Consciência Negra. Cette journée, le 20 novembre, a pour finalité de rappeler à la société la lutte contre les préjugés raciaux et de montrer l’importance qu’a eue et continue à avoir la population venant d’Afrique noire, dans la culture brésilienne et dans la formation du peuple brésilien.

La majorité des descendants d’esclaves noirs continue sans droit d’accès à la terre, selon l’enquête réalisée par la Commission Pró-Índio de São Paulo.

La majorité des descendants de noirs arrivés comme esclaves au Brésil continue à se trouver dans une situation où la possession des terres des quilombos [1] ne lui est toujours pas garantie. Cette année, seule une communauté quilombola, celle de Chácara de Buriti, de Campo Grande (Mato Grosso do Sul), a obtenu du Gouvernement Fédéral, le titre de propriété de ses terres. Et même là, on ne leur a reconnu la possession que de 12 des 42 hectares identifiés dans le Rapport d’Identification de Territoires Quilombolas (RTID) et revendiqués par les intéressés. On estime le nombre de quilombos à trois mille communautés au Brésil et il existe plus d’un millier de procédures en cours qui attendent les conclusions de l’Institut National de Colonisation et de Réforme Agraire (INCRA). Les informations qui suivent proviennent de l’enquête réalisée par la Commission Pró-Índio de São Paulo (CPI-SP) qui a été diffusé cette semaine.

Femmes de la communauté quilombola de l’Ile de Marajó dans l’Etat du Para. Photo : Daniel Santini

En plus du quilombo Chácara do Buriti, deux autres communautés ont obtenu la reconnaissance de leurs terres mais elles doivent encore attendre les titres définitifs. Il s’agit de Cafundó (Etat de São Paulo) et Invernada dos Negros, connue également sous le nom de Fazenda da Conquista à Campos Novos (Etat de Santa Catarina). La reconnaissance des droits de ces deux communautés a été obtenue dans le cadre de la Concession de l’Usage Collectif des Terres Quilombolas, mesure prévue par l’article 24 de l’Instruction normative de l’Incra, n° 57 de 2009. La concession n’est pas le titre définitif de possession mais elle permet aux quilombolas d’occuper et d’utiliser ces terres à des fins économiques, en attendant la régularisation de leur titre de propriété. Cette procédure n’avait pas été utilisée auparavant.

L’année passée [2011], une seule communauté, également, avait obtenu la légalisation des titres de propriété. Il est difficile de suivre le cheminement des demandes de reconnaissance. A ce sujet, lors d’une réunion avec les représentants des communautés quilombolas, le 29 octobre, le président de l’Incra, Carlos Guedes, a promis des changements. ʺNous allons rendre public l’accès aux demandes en cours, étape par étape, secteur par secteurʺ a-t-il affirmé, faisant comprendre qu’il n’est pas toujours facile de faire la reconnaissance de ces terres. ʺCela [la publication des données] va montrer la complexité de la procédure car dans certains cas, celle-ci concerne des terrains publics, notamment dans le Nord et le Nordeste, et dans d’autres cas, des terrains privés, principalement dans le Centre-Sud du Brésilʺ.

Le représentant du Gouvernement Fédéral a annoncé, lors de la réunion, que l’Incra va affecter 1,2 millions de réaux au secteur des Rapports d’Identification des Territoires Quilombolas (RTID).

Aucun titre de propriété n’a été reconnu par les gouvernements des Etats cette année, selon le CPI-SP.

Reconnaissance officielle

Le parcours conduisant à la remise du titre de propriété est très long. La procédure d’identification et de reconnaissance du droit de propriété des terres quilombolas est encadrée par la législation fédérale et les législations des différents Etats.

En 2012, non seulement très peu de procédures d’obtention de titres de propriété ont été conclues, mais il y a eu aussi une réduction du nombre de décisions permettant aux demandes d’avancer. Selon l’étude réalisée par la CPI-SP, jusqu’à octobre 2012, quatre Arrêtés de Reconnaissance et sept Rapports d’Identification de Territoires Quilombolas (RTID) ont été publiés par le président de l’Incra. Ce n’est même pas la moitié des 10 Arrêtés et 21 RTID de 2011, année où fut également publié un Décret de Désappropriation, de la communauté Brejo dos Crioulos (Minas Gerais).

Jeune fille de la communauté quilombola de l’Ile de Marajó (Para)

Le processus ne se déroule pas toujours de manière pacifique. La communauté quilombola Rio dos Macacos située sur la commune de Simões Filho (Bahia) en est un exemple. Une partie des terres appartenant à la Marine lui avait été attribuée. L’Incra entama une procédure d’accès à la propriété en 2011 et arriva à produire le RTID qui délimitait ces terres, mais ce document ne put être officialisé en raison d’un blocage dans la procédure. Actuellement, la Marine essaie d’obtenir auprès de la Justice l’expulsion des quilombolas. A titre de compensation, le Gouvernement fédéral propose que les familles soient transférées sur un territoire de 23 hectares, beaucoup moins donc que les 300 hectares de la première proposition. La communauté a rejeté la proposition et la situation est bloquée.

La Journée Nationale de la Conscience Noire est célébrée le 20 novembre au Brésil. Cette date a été retenue pour attirer l’attention et provoquer une réflexion sur les droits et les inégalités dans le pays. Il s’agit d’un moment important pour parler des traumatismes du passé et des perspectives de dépassement historique des violences commises tout au long de l’histoire du pays.

Notes du traducteur :

[1] Quilombo. A l’origine : lieux de regroupement des esclaves – en majorité des noirs – qui refusaient le christianisme et fuyaient les conditions de travail dans lesquelles ils étaient maintenus par leur maîtres blancs. L’un des plus connus est le quilombo de Palmares dans l’Etat de l’Alagoas. Quilombola : qui relève du quilombo, habitant du quilombo.

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