Au Pará, les assassinats continuent (2)

Tarcísio Feitosa admet que la tentative de réglementation des terres amazoniennes est un affront aux négociants en bois et aux latifundiaires. Selon lui, la mesure d’urgence à prendre serait la réalisation d’une étude identifiant la situation agraire de la région afin de permettre, par la suite, l’implantation d’un sérieux projet de zonage.
Néanmoins, Feitosa accuse la lenteur du gouvernement fédéral. « Sur le bureau du gouverneur, se trouvent au moins deux projets de création de réserves extrativistes prêts à être approuvés, tels que ceux de « Renascer » et de « Bacajá ». Deux autres projets, « Xingu » et « Iriri » sont encore en attente d’une étude » a-t-il précisé.
Pour le député Frei Sérgio Görgen, la mort de la religieuse est une « trace laissée par l’agrobusiness, dont l’origine provient du latifundium et des convoitises des négociants en bois ». Il considère que « le gouvernement de Lula maintient cette bande organisée indemne ». Selon lui, le gouvernement est laxiste et ne réagit que suite à un meurtre. « Je parie que dans dix jours, plus personne n’évoquera ce sujet », prédit-il.

LES GRILEIROS FONT LA LOI

Afin d’implanter la réglementation agraire, il est nécessaire que les politiques publiques soient mises en application en présence de la sécurité publique. Néanmoins, la police du gouvernement du Pará « ne possède aucune structure », affirme Tarcísio Feitosa. Selon lui, les polices civile et militaire utilisent un « téléphone publique commun ». En outre, au moment de l’assassinat de la religieuse, la voiture de la police était en panne d’essence, a-t-il informé. « Il y a une absence totale de l’Etat du Pará. Dans le cas de la police militaire, je peux témoigner qu’ils travaillent au service des grileiros ».
La situation de la police fédérale de la région laisse aussi à désirer, selon le sénateur Ana Júlia. Le gouvernement fédéral devrait activer la situation parce que l’Incra et l’Ibama ne peuvent agir qu’avec l’appui de la police fédérale, qui a besoin d’infrastructures.

Des déclarations officielles du Ministère Publique Fédéral et de la CPI de la Terre, des dépositions et des lettres écrites à la main par sœur Dorothy prouvent que le Ministère de la Justice et que le gouvernement du Pará ont été informés, avec au moins un an d’antécédence, sur le risque imminent de violence dans la zone rurale d’Anapu.
Sœur Dorothy a également passé sept jours à Brasília, en juin 2004, afin de dénoncer la situation dans la municipalité auprès des autorités fédérales, mais elle n’a été reçue que par des assesseurs du Ministère de la Justice et du Secrétariat spécial aux Droits de l’Homme. Le Ministère publique fédéral, à Belém, a également mis en garde les autorités policières étatiques et fédérales.

FEDERALISATION

Pour les assassinats comme celui de la sœur Dorothy, la fédéralisation des crimes contre les droits de l’homme est nécessaire, souligne Aton Fon Filho, avocat du Réseau Social des Droits de l’Homme, qui s’interroge sur le retard de l’intervention de la police dans ce cas. « Pourquoi n’ont-ils pas mis en place des agents avant la mort de la religieuse ? » Selon lui, le travail de la PF dans la région devrait être permanent. Néanmoins, il rappelle que tant que la réglementation agraire ne sera pas faite, les crimes continueront.

Le Procureur Général de la République, Cláudio Fonteles, a ouvert une procédure administrative afin de fédérer les investigations sur l’assassinat de la missionnaire.
Cette mesure est prévue dans la réforme du judiciaire - approuvée à la fin de l’année dernière - et pourrait être utilisée en cas de crimes contre les droits de l’homme. Avec la fédéralisation, tout le processus, depuis l’investigation jusqu’au jugement des responsables du crime, pourra se dérouler dans la sphère fédérale. Antônio Carvalho pense que la fédéralisation des crimes tels que celui commis contre la religieuse et le syndicaliste est très importante. « Le maintien des investigations de ces crimes dans la sphère étatique ne peut qu’assurer l’impunité » pense-t-il.

Par Dafne Melo e Tatiana Merlino

Source : Brasil de Fato - Edição Nº 103 - Du 17 au 23 février 2005

Traduction : Jean Jacques Roubion pour Autres Brésils

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